La production agricole nationale vit un paradoxe : Ces excédents qui provoquent des faillites

La production agricole nationale vit un paradoxe : Ces excédents qui provoquent des faillites

Ces excédents qui provoquent des faillites

Les tout nouveaux producteurs de tomate industrielle de la wilaya de Chlef, une filière introduite dans la région il y a près de cinq ans, font face au même obstacle que rencontraient ces dernières années leurs collègues de l’est du pays, celui de ne pas trouver preneur de la totalité de leur production. Mais force est de constater que ce problème de débouchés se pose avec plus d’acuité du côté de Chlef car dans cette wilaya on ne compte en tout et pour tout qu’une seule unité de transformation qui ne saurait réceptionner la production record de la campagne 2017. Et du coup, selon le directeur des services agricoles (DSA) de cette wilaya, repris par l’APS samedi dernier, certains producteurs se sont vu contraints de jeter une partie de leur récolte à leur grand dam car cela leur a causé des pertes d’argent considérables. A partir de cet état des lieux et de cette question problématique récurrente de surproduction agricole qui ne trouve pas de débouchés, il est donc devenu nécessaire de mettre en place une stratégie de production afin d’éviter aux filières un excédent de récolte et, le cas échéant, trouver des solutions immédiates. Cette stratégie à mettre en place figure dans le carnet de route que s’est fixé le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche. Cette approche s’inscrit, selon le responsable de ce département, Abdelkader Bouazghi, dans le cadre d’une nouvelle structuration dans le secteur. «Cette opération devrait être achevée d’ici la fin du 1er trimestres 2018», a annoncé le ministre à l’ouverture d’une Journée d’étude sur l’assurance et la régulation des produits agricoles, qui s’est déroulée à la Maison de la culture de Aïn Defla où il s’est rendu samedi dernier. A propos de cette structuration dans l’essor de l’agriculture, le ministre a précisé aux participants à ce séminaire: «Les efforts visant à la modernisation de l’agriculture s’avéreront insuffisants si le secteur agricole n’est pas structuré comme il se doit.» Comme il a, dans ce contexte, estimé «vitale» l’implication des représentants du mouvement associatif et des professionnels qui s’investissent dans le secteur, relevant que le développement de ce dernier en est tributaire. En fait, cette structuration du secteur de l’agriculture notamment dans son volet stratégie de production, était fort attendue au sein des filières et particulièrement dans celle de la tomate industrielle car la plus exposée aux déboires du manque de débouchés à sa production. Et lorsque l’on sait que cette forte production de la tomate industrielle, comme dans d’autres cultures, est le fruit d’efforts, financier consentis par l’Etat d’une part et des agriculteurs d’autre part, il serait regrettable que cela parte en fumée. Et pour que cela ne se produise plus, il s’agira, selon de nombreux spécialistes dans le domaine de la production agricole «de contenir l’excédent de production et, partant, éviter la chute des prix à des niveaux nuisibles aux producteurs, de créer de nouvelles unités de transformation et de conditionnement des produits agricole qui soient proches des zones de production». Un point de vue qui tient la route compte tenu du fait que la question des débouchés de su-rabondance des produits agricoles ne date pas d’hier. En effet elle revient chaque fois que les récoltes enregistrent des records. «C’est pourquoi il devient urgent de consolider un tissu d’entreprises de transformation et de conditionnement de produits agricoles», soutiennent les experts. Et d’ajouter: «C’est d’autant plus indiqué dans la mesure où le manque de débouchés à l’excédent de la production impacte des centaines d’agriculteurs». La solution viendrait donc de la mise en place d’une véritable synergie entre l’amont (production agricole) et l’aval (industrie de transformation), ce qui est d’ailleurs nécessaire car la production agricole doit être accompagnée d’un nombre suffisant d’unités de transformation. En somme, il est urgent de permettre de rétablir l’intégration intersectorielle. Autrement dit, mettre en relation direct l’amont agricole des filières et l’aval des unités de transformation.