L’école privée en Algérie connaît un développement assez conséquent : près de 100 établissements ouverts en sept ans. Mais ses effectifs restent assez maigres : même pas 1% de la population scolarisée dans le secteur public.
L’école publique reste ainsi prédominante. Question de pouvoir d’achat : l’école privée reste inaccessible à la majorité des Algériens au regard du niveau des frais de scolarité. Pourtant, en raison des conditions de scolarité meilleures, la réussite scolaire penche davantage du côté de l’école privée surtout dans le primaire et dans le moyen. Au baccalauréat, dans le public ou le privé, les résultats restent en deçà des attentes.
Ainsi, le niveau d’investissement des parents pour de meilleures performances scolaires des enfants marque ainsi une nette césure entre une population aisée, instruite, et les catégories sociales défavorisées. Elle fabrique une Algérie à deux vitesses dont les répercussions sur le plan social risquent de se refléter dans la hausse de la criminalité, la quête de l’exil à tout prix.
S’il n’est pas possible que tous nos enfants deviennent ingénieurs, médecins ou informaticiens, en revanche, doter chaque élève du minimum de connaissances lui permettant de s’insérer facilement dans le monde professionnel, de devenir un citoyen utile à son pays est à notre portée. Encore faut-il que l’école publique joue ce rôle au lieu de participer à la montée du chômage des jeunes et des antagonismes sociaux.
Dans le contexte actuel marqué en Algérie par une grave crise morale et une gouvernance du pays jusqu’à présent déficiente, certaines écoles privées préparent, à des prix assez élevés via des institutions étrangères, les élèves algériens au bac français. En fait, elles répondent à un besoin de certains parents très soucieux de placer leurs enfants dès le bac dans des universités européennes. Cette situation reflète un déficit de confiance à l’égard de nos gouvernants et une vision pessimiste sur l’évolution de la qualité de l’enseignement dans le pays. En tout état de cause, malgré ses multiples insuffisances, l’école privée reste une alternative, certes coûteuse, à la médiocrité de l’enseignement dans certains établissements publics. Bien qu’elle puisse représenter un potentiel d’amélioration des contenus pédagogiques dans le système éducatif algérien et une source de réponse aux déperditions scolaires, son essor est freiné par des problèmes d’accès au foncier, de financement et de bureaucratie. Enfin, une synergie entre public et privé contribuerait à une plus grande efficacité de notre système d’enseignement. Mais le vrai enjeu reste l’efficacité de l’enseignement public, au regard de sa position qui restera encore dominante pendant encore de nombreuses années. Les lourds investissements financiers consentis par l’État ne se sont pas encore traduits par des performances scolaires à la hauteur de cet énorme effort. La réforme de l’école reste toujours à faire, tant dans les contenus pédagogiques, le système d’orientation des élèves, la formation et le recyclage des enseignants, la qualité de l’évaluation des enseignements, la gestion des établissements. Un véritable benchmarking avec les systèmes éducatifs performants s’impose si on veut trouver alors les remèdes à une plus grande efficience de l’enseignement en Algérie. C’est là où se construisent les bases de notre développement économique durable. L’école privée, libérée de par ses atouts évoqués plus haut, pourrait contribuer, dans ce sillage, à l’émergence d’une population de cadres compétents, honnêtes, à fort potentiel, au profit de l’expansion de l’économie nationale. Encore faut-il que l’État puisse sérieusement l’encadrer de manière à empêcher ses dérives. Et elles sont patentes dans certains de ses établissements.