Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a présenté hier les grands axes du projet de plan d’action du gouvernement à l’Assemblée populaire nationale (APN). Le plan d’action du gouvernement, qui s’étend sur la période 2009-2013, exprime une multitude d’ambitions sur le plan économique. Le gouvernement aura à cet égard à concrétiser le programme d’investissement public d’un équivalent de 150 milliards de dollars ainsi qu’à diversifier l’économie nationale. La réduction de la dépendance par rapport aux hydrocarbures par une promotion de l’investissement dans la production des biens et services, figure à cet égard parmi les priorités du gouvernement, dira d’entrée Ouyahia. À ce propos, il s’agira pour le gouvernement « d’améliorer l’environnement économique ». Cet objectif sera mis en application à travers la création d’un « climat plus propice à l’investissement, des capacités financières, un cadre juridique et des instruments d’appui et d’encadrement de l’activité économique », dira le Premier ministre devant les députés.
À cet égard, le Premier ministre dira que « le gouvernement poursuivra l’amélioration des conditions requises pour l’investissement », avant de préciser qu’il sera question « de l’amélioration des mécanismes et des capacités de financement de l’investissement productif à travers le parachèvement de la modernisation du système bancaire et de la dynamisation du marché financier ». M. Ouyahia dira à cet égard que « les prochaines semaines verront l’avènement de nouveaux instruments de financement du capital investissement et du leasing qui viendront compléter le nouveau fonds national de l’investissement capable d’intervenir pour 1 000 milliards de dinars en cinq ans ». Le Premier ministre indiquera dans le même temps que « la transparence dans les transactions bénéficiera du développement et de la modernisation des services fiscaux et douaniers, de ceux chargés du contrôle et de la régulation du commerce et du marché du travail », avant de préciser que « cette démarche sera complétée par l’instauration de l’obligation de l’usage du chèque ». Sur cette question, il est précisé dans le plan d’action que « le gouvernement compte parachever la réforme du système bancaire par notamment, l’amélioration de l’intermédiation bancaire, la consolidation du système de paiements électroniques déjà en fonctionnement, la généralisation de la monétique et de l’usage du chèque qui sera promue pour la traçabilité des fonds ».
Dans le même temps, le gouvernement a l’ambition de renforcer le respect « des règles prudentielles, la promotion des centrales de risques crédits et l’encadrement du crédit à la consommation ». Le respect de la législation dans les transferts de fonds vers l’étranger, la lutte contre le blanchiment d’argent ainsi que la vigilance que dicte la crise financière internationale dans les relations avec les établissements financiers internationaux, est-il indiqué dans le plan d’action. La mise à niveau du système financier se décline tout autant par « la dynamisation du marché financier dans son compartiment obligataire et celui des actions à travers la consolidation de la législation régissant ces deux marchés et la sensibilisation des opérateurs économiques pour s’engager dans ce domaine ». Dans ce cadre, il est expliqué que « la modernisation du système financier sera attentivement suivie pour prévenir toute dérive » tout en notant que « les perspectives d’ouverture du capital des banques publiques seront différées en attendant l’assainissement définitif de la crise financière internationale ». Le Premier ministre évoquera aussi dans son allocution la question du foncier destiné à l’investissement. « L’offre du foncier destiné à l’investissement sera accrue. Le cadre juridique pour son exploitation a été clarifié ».
Aussi la promotion et le développement agricole sont à cet égard mis en avant. « C’est aux fins d’améliorer la sécurité alimentaire du pays à travers un approfondissement du programme de relance de l’agriculture qui va notamment bénéficier de la récente loi d’orientation agricole clarifiant le régime juridique et le mode de jouissance des terres agricoles du domaine privé de l’État, ainsi que d’un projet de loi codifiant les conditions de la concession, qui sera introduit cette année », dira le Premier ministre. Un important soutien financier sera par ailleurs apporté aux producteurs agricoles activant notamment dans les filières de la céréaliculture, des légumes secs, de le pomme de terre, de l’élevage, de la production de viande et de lait, et de l’arboriculture. Une enveloppe de 1 000 milliards de dinars d’aides publiques sera consacrée à cette fin sur une période de cinq ans, affirme à cet effet le gouvernement qui rappelle, à ce propos, l’effort consenti, dernièrement par l’État pour racheter la dette des agriculteurs et des éleveurs d’un montant de 41 milliards de dinars. La création d’un office de fruits et le lancement d’un programme de régulation du marché et des circuits de distribution par la mise en place de stocks de sécurité et de modernisation, en cours, des capacités de froid, outre le développement des mécanismes d’encadrement et d’appui à l’agriculture.
La politique gouvernementale de promotion des biens et services se déclinera tout autant par le développement du secteur de la pêche. Aussi, il sera question de « la justice sociale qui sera cultivée et promue à travers une politique salariale adéquate s’appuyant sur un dialogue permanent avec les partenaires sociaux et économiques », est-il noté, tout en précisant qu’il sera question d’ »une révision du salaire minimum garanti qui viendra accompagner la mise en place des différents régimes indemnitaires de la Fonction publique, ainsi que le maintien d’une intervention du budget public pour préserver le pouvoir d’achat de la population en ce qui concerne certaines denrées (céréales et lait) ou services (eau, énergie) de première nécessité ». Le Premier ministre a, par ailleurs, expliqué hier que le gouvernement entend créer trois millions d’emplois durant le prochain quinquennat.