La pression sur les insurgés s’accentue,Kaddafi dénonce un «complot colonialiste»

La pression sur les insurgés s’accentue,Kaddafi dénonce un «complot colonialiste»
la-pression-sur-les-insurges-saccentuekaddafi-denonce-un-complot-colonialiste.jpg

Sommé de quitter le pouvoir, le dirigeant libyen accuse les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France «de vouloir contrôler le pétrole». Sur le terrain, la pression sur les rebelles s’est clairement accentuée hier.

Le dirigeant libyen Mouammar Kaddafi campe sur ses positions, et ce, malgré les combats qui ont de nouveau fait rage hier. Le «guide», qui a juré de mater dans le sang la rébellion débutée le 15 février, a accusé les Occidentaux, notamment la France, de mener «un complot colonialiste» contre son pays, lors d’un entretien diffusé hier matin par la chaîne d’information française LCI. Interrogé sur les positions des Occidentaux, et notamment de Paris, qui ont apporté leur soutien aux insurgés, le colonel, isolé et sommé de toutes parts de quitter le pouvoir, a répondu : «Ils veulent coloniser la Libye à nouveau. C’est un complot colonialiste.» Egalement interrogé sur le fait de savoir s’il envisageait des «me-sures de représailles» contre la France, le dirigeant libyen s’est borné à lancer un laconique «on verra», tout en se disant confiant sur de futures «visites» en Europe une fois que «tout cela sera terminé». Dans une autre intervention diffusée dans la nuit de mardi à mercredi par la télévision officielle, le dirigeant a appelé les Libyens à se méfier des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, qui, selon lui, «profitent de ce qui se passe dans certaines régions du pays et l’amplifient». Il a soutenu que les richesses pétrolières de la Libye étaient à l’origine de l’escalade. «Ils sont jaloux des Libyens, un petit peuple vivant sur une grande superficie, ils ont du pétrole et vivent heureux et en sécurité, la tête haute.»

Contrôler le pétrole

«Les pays colonialistes trament un complot pour humilier le peuple libyen et le réduire à l’esclavage et contrôler le pétrole», a encore dit le colonel Kaddafi, qui s’adressait à des habitants de la tribu des Zenten, homonyme d’une ville située à 120 km au sud-ouest de Tripoli, selon la télévision. Cette ville est contrôlée par l’opposition mais cernée par les pro-Kaddafi. Selon lui, les rebelles ont «subi un lavage de cerveau par des terroristes venus d’Afghanistan, d’Algérie, d’Egypte et de Palestine qui leur ont donné armes et argent». «Les jeunes de Zenten ne se laisseront pas avoir par Ben Laden, ou Zawahiri», a-t-il ajouté en allusion au chef d’Al-Qaïda et à son bras droit. Il s’en est aussi violemment pris à Moustapha Abdel Jalil, son ancien ministre de la Justice qui a fait défection et qui dirige le Conseil national de transition mis en place par l’opposition à Benghazi, dans l’est du pays. «On me disait dans le temps qu’il était un traître et un agent, (le Parlement) voulait d’ailleurs le limoger (…) C’est lui qui appelle les Britanniques pour leur dire de venir occuper Benghazi, les habitants l’ont démasqué», a-t-il ajouté. «La seule solution est que les habitants de Benghazi se révoltent contre les traîtres et s’ils ne le font pas, leurs enfants seront recrutés en Afghanistan.»

La pression sur les rebelles s’accentue

Les forces pro-Kaddafi continuent leur tentative de reconquête. Une énorme explosion a été entendue hier après-midi près d’une raffinerie située aux abords de la ville libyenne de Ras Lanouf, tenue par les insurgés. Selon l’agence française AFP, des flammes hautes de plusieurs centaines de mètres sont visibles. Des obus d’artillerie de l’armée libyenne sont tombés à proximité d’une position rebelle à environ 5 km à l’ouest du port pétrolier. Les obus se sont abattus respectivement à environ 300 mètres à l’ouest et au sud d’un barrage volant installé par les insurgés, apparemment sans faire de victime. Les rebelles ont répliqué par le tir de deux roquettes. Les forces de Mouammar Kaddafi ont accentué depuis mardi la pression sur la rébellion, bombardant par air et terre des positions dans l’est de la Libye et combattant les insurgés à l’Ouest. A l’ouest de Tripoli, l’opposition contrôlait Zenten toujours encerclée, selon un témoin français. Les forces loyalistes ont également lancé un assaut sur Zawiyah, le bastion des insurgés le plus proche de la capitale, selon un ancien responsable libyen qui a fait défection, Mourad Hemayma. «Kaddafi veut prendre (la ville) avant mercredi. La communauté internationale doit agir», a-t-il affirmé. Il a indiqué que des membres de sa famille avaient été tués dans la ville assiégée par des chars. Selon un site de l’opposition, les civils sont attaqués «directement». Le gouvernement a pour sa part démenti un tel bombardement. Sur le plan diplomatique, les Occidentaux, notamment les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne continuent d’examiner les moyens de met-tre un terme à la répression sanglante de l’insurrection. La mise en place d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye est l’hypothèse privilégiée.

Synthèse Hocine Larabi