La Première Rentrée Scolaire de l’Algérie indépendante évoquée au Forum de la Mémoire d’El Moudjahid : Le début de la guerre contre l’analphabétisme

La Première Rentrée Scolaire de l’Algérie indépendante évoquée au Forum de la Mémoire d’El Moudjahid : Le début de la guerre contre l’analphabétisme

Le Forum de la Mémoire d’El Moudjahid, initié en coordination avec l’association Machaâl Echahid, a organisé, hier matin, une conférence à caractère historique sur la première rentrée scolaire de l’Algérie indépendante le 1er octobre 1962.

Le Forum de la Mémoire d’El Moudjahid, initié en coordination avec l’association Machaâl Echahid, a organisé, hier matin, une conférence à caractère historique sur la première rentrée scolaire de l’Algérie indépendante le 1er octobre 1962. Cette rencontre a été mise à profit pour rendre un vibrant hommage au premier ministre de l’Education nationale, le défunt Abderrahmane Benhamida.

Le directeur général du centre national des Archives, M. Abdelmadjid Chikhi, est revenu sur le contexte général marquant cette période de la rentrée scolaire 1962-1963, laquelle a eu lieu, souligne-t-il, le 1er octobre 1962. L’intervenant qui était lui-même enseignant a replongé l’assistance dans cette période de l’histoire où avec peu d’instituteurs et d’enseignants, notre pays a pu relever, haut la main, le défi d’assurer une rentrée scolaire réussie au profit des enfants algériens.

« En dépit des conditions difficiles héritées de la colonisation française et du manque de moyens matériels et humains, l’Algérie a réussi à relever le défi de la première rentrée scolaire post-indépendance, grâce aux efforts de la première génération d’enseignants et de formateurs », a affirmé M. Chikhi.

Il convient de rappeler, ici, à quel point le niveau intellectuel de la population algérienne était plus ou moins critique au lendemain de l’indépendance et aussi quels ont été tous les efforts consentis par les Algériens afin de rééquilibrer la balance.

Dans son exposé, M. Chikhi rappelle aussi le mérite qui revient à ces Algériens ayant travaillé dur pour la mise en place des institutions dont avait besoin le pays, notamment l’Assemblée nationale.

«On a alors entamé les listes électorales pour l’élection d’une assemblée nationale, en d’autres termes, le Parlement. Pour ce faire, les six wilayas ont préparé les listes des candidats et j’ai eu l’honneur de participer à cette étape dans la Wilaya I Historique et ce, jusqu’au mois d’août 1962.»

Poursuivant ses propos, l’orateur signale qu’il a été personnellement chargé d’organiser, durant la période allant d’avril 1962 au 1er juillet 1962, la campagne électorale et ce, en vue des préparatifs du référendum sur l’auto-détermination.  Figuraient notamment parmi les instructions données, le labour des terres agricoles mais également, et surtout, la scolarisation des Algériens.

En effet, à quelques semaines de la rentrée scolaire de 1962, «Les commandants des wilayas historiques ont pris l’engagement de permettre à tous les enfants de l’Algérie indépendante d’accéder aux bancs de l’école», a-t-il mis en relief, soulignant que « c’était l’un des objectifs de la glorieuse guerre de Libération nationale qui a été concrétisé sur le terrain » ; un objectif réalisé « en dépit du manque d’enseignants et des moyens de scolarisation », a-t-il rappelé.

« Le problème lié au manque de moyens a été résolu grâce aux dons et à la solidarité des différentes franges de la société algérienne dont les commerçants», a-t-il mis en exergue.

Prenant la parole, M. Laïd Lachgar, moudjahed et ancien cadre au ministère des Affaires étrangères, a indiqué que le nombre d’étudiants algériens avant l’indépendance « ne dépassait pas les 700 », notant que «  la sauvegarde de la langue arabe fut le principal défi fixé et relevé par les autorités algériennes notamment le premier ministre de l’Education de l’Algérie indépendante,  Abderrahmane Benhmida ».

Pour sa part, Dilimi Mohamed Tahar, président de la commission chargée de l’éducation à l’APW d’Alger, qui était le 1er octobre 1962, inscrit en 2e année primaire, se remémore aussi cette période où l’événement de la première rentrée scolaire était « la priorité des priorités».

« Aussi, la majorité des élèves allaient à l’école pied-nus et avec des haillons », poursuit-il. Tous et toutes étaient assoiffés de savoir, tant ils ont vécu la privation».

Louant les mérites de l’école algérienne, l’orateur rappellera ces Algériens, nombreux, qui se sont distingués à l’échelle internationale par le savoir ».

Tous les autres moudjahidine qui se sont succédé à la tribune ont appelé les générations d’aujourd’hui et de demain « à tirer les enseignements nécessaires de notre histoire mais aussi et surtout à prendre exemple des anciennes générations qui ont su relever ce défi.»

Il convient de noter enfin que tous les intervenants se sont inclinés, en cette occasion, à la mémoire du premier ministre de l’Education nationale.

Né le 21 octobre 1931 à Dellys, Abderrahmane Benhamida, qui a fait ses études au lycée franco-musulman de Ben Aknoun et à l’Institut d’études supérieures islamiques, a rejoint tôt les rangs de l’ALN en tant que fidaï à Alger.

Une année plus tard, soit en 1956, il est désigné commissaire politique de la Zone autonome d’Alger en charge de la coordination de son bulletin intérieur, mais la providence a voulu qu’il soit arrêté le 15 octobre 1957 pour être incarcéré à la prison de Barberousse (Serkadji) et condamné à mort.

Spécialiste des explosifs et fin politicien, le défunt connaîtra par la suite trois condamnations à mort et un passage dans plusieurs prisons notamment en France, à savoir celles de Marseille et de l’île de Ré. Il décède le 5 septembre 2010.

Soraya Guemmouri