La poudrière malienne risque encore de s’embraser: Des groupes armés à l’affût

La poudrière malienne risque encore de s’embraser: Des groupes armés à l’affût

La région de Gao, comme celle de Kidal, et tout le nord du Mali, sont encore instables, malgré l’accord d’Alger dont le gouvernement malien est partie prenante au même titre que la CMA.

Il y a exactement une semaine, l’aéroport de Gao est devenu impraticable après un attentat qui a provoqué d’ «importants dégâts», selon les déclarations de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma). Des sources officielles ont indiqué qu’ un attentat-suicide à la voiture piégée a visé l’aéroport de cette ville en proie à des affrontements sporadiques entre l’armée malienne, les soldats français de l’opération Barkhane et les éléments des groupes armés qui tentent de maintenir leur position.

La Minusma, de son côté, a précisé deux jours plus tard qu’il y avait en fait deux véhicules impliqués dans la même attaque, le second «chargé d’explosifs» a ciblé les services de l’aviation dans les installations préfabriquées. D’ «importants dégâts matériels» ont rendu l’aéroport impraticable. Mais le bilan aurait pu être plus tragique si l’occupant du second véhicule, bourré de 500 kg d’explosifs ainsi que de nombreux obus n’avait pas été abandonné sur place.

La revendication n’a pas tardé puisque le soir même, un communiqué du groupe El Mourabitoune dirigé par Mokhtar Belmokhtar assumait la responsabilité de l’attaque, en la justifiant par le fait que l’aéroport de Gao est l’une des bases les plus importantes pour les troupes étrangères au Mali. L’attentat a été revendiquée dans un communiqué le soir même par le groupe de Mokhtar Belmokhtar, soulignant que l’aéroport de Gao était l’un des sites les plus importants pour les forces étrangères au Mali.

Etrangement, cet attentat intervenait alors que le Wall Street Journal annonçait la mort de Mokhtar Belmokhtar. Citant des sources du renseignement américain (Africom) il précisait même que le chef d’El Mourabitine, rallié à Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) après lui avoir tourné le dos quelque temps, avait succombé à une frappe aérienne française…en Libye courant novembre. Une information à prendre avec des pincettes, a-t-on réagi dans les milieux spécialisés dans la lutte contre le terrorisme.

En effet, la mort de Belmokhtar a été annoncée à maintes reprises, mais chaque fois, démentie par les faits ou par le concerné lui-même.

Qui plus est, on sait que les raids aériens menés par les forces américaines en Libye sont circonscrites à la ville de Syrte, tombée totalement aux mains des milices de Misrata pas plus tard qu’hier, milices qui ont terrassé les derniers éléments de Daesh. Du côté de Benghazi, la seule présence étrangère en soutien à Khalifa Haftar est celle des «conseillers» français, issus des forces spéciales.

La région de Gao, comme celle de Kidal, et tout le nord du Mali, est encore instable malgré l’accord d’Alger dont le gouvernement malien est partie prenante au même titre que les groupes armés touareg. Il semble que les engagements des uns et des autres tardent à être concrétisés, et l’ambassadeur des Etats-Unis à Bamako avait même protesté dernièrement contre les lenteurs de sa mise en application, surtout à Kidal.

C’est ainsi que, jeudi dernier, des affrontements entre des éléments de groupes armés rivaux, signataires de l’accord d’Alger, ont fait deux morts, officiellement, au sud de Gao. «Non identifiés», selon les autorités, les protagonistes appartiendraient vraisemblablement à la Coordination des mouvements de l’Azawed (ex-CMA, longtemps en rébellion contre Bamako et leurs rivaux du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés, baptisé aussi Gatia et proche du gouvernement malien.

Dans cette ambiance délétère, El Mourabitoune et Aqmi ont beau jeu de semer leur propre feu et, selon des sources crédibles, les mouvements terroristes qui activent dans la région ne sont plus dépendants des livraisons d’armes en provenance de la Libye, plusieurs attaques de casernes ayant eu lieu non seulement au Mali, mais également au Niger et au Tchad dans le but de s’emparer d’armes lourdes. Comme il est également avéré qu’une interconnexion existe entre tous les groupes qui activent en Libye et dans les pays du Sahel, laquelle va être renforcée par le reflux de Daesh vers le Sud libyen et les zones frontalières.