La portabilité du numéro de mobile, « un gage de concurrence saine » selon les experts, sera introduite à l’occasion de l’amendement prochain de la loi régissant les TIC. Bientôt donc, le numéro de mobile sera la propriété du client et non de l’opérateur, au bonheur des associations de défense des consommateurs. La structure du marché de la téléphonie mobile, déjà ultra-concurrentiel, pourrait en être bouleversée.
Plus d’une décennie après l’introduction de la téléphonie mobile en Algérie, la portabilité des numéros de téléphone, service qui permet à un abonné de changer d’opérateur sans changer de numéro, n’est toujours pas disponible. L’année 2013 verra son introduction, à en croire le ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, Moussa Benhamadi, qui a promis de donner le cadre juridique manquant actuellement à ce service.
Réuni mercredi dernier, le Conseil des ministres a examiné et approuvé un projet de loi fixant les règles applicables aux activités de la poste, des télécommunications et à celles liées aux technologies de l’information et de la communication. Ce texte vise, selon Moussa Benhamadi, à compléter les « manques » existant dans la loi 2000-03, texte fondamental du secteur de la Poste et des TIC en Algérie.
Le ministre, qui expliquait vendredi dernier lors d’une conférence de presse les visées de la nouvelle loi, a révélé que le service de la portabilité du numéro sera introduit dans cette loi qui sera soumise dans les prochain mois à l’examen de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Vide juridique
Le service de la portabilité du numéro a été réclamé par les derniers venus sur le marché de la téléphonie mobile en Algérie qui seront relayés par une association de consommateurs. L’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE) a pris le problème à bras le corps quelques mois après sa création faisant de ce service « un droit » pour le consommateur « avant tout ».
Cette association a eu le mérite d’avoir démystifié la question en révélant, lors d’une rencontre regroupant les différents acteurs du secteur en novembre dernier, les raisons du blocage que connaît ce service en Algérie. L’Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARP! T), un des acteurs-clé du secteur des TIC, a été de tout temps désignée comme étant à l’origine de ce blocage. Lors de cette rencontre organisée par l’APOCE, elle est sortie de son silence pour la première fois, révélant que la portabilité du numéro est impossible à réaliser sous l’actuelle réglementation régissant le secteur des télécoms. « Actuellement il n’y a aucun article dans la loi 2000/03 qui (le) mentionne », avait précisé Mme Yahiaoui, juriste auprès de l’ARPT. Ce qui empêche le Régulateur, a-t-elle expliqué, d’intervenir afin d’inciter les opérateurs à offrir ce service.
« Le client redeviendra roi », se félicite l’APOCE
Les avantages de ce service ne sont plus à démontrer. Son introduction va favoriser une concurrence « saine » entre les opérateurs et, par ricochet, améliorer la qualité des services offerts. Le président de l’APOCE, Mustapha Zebdi, estime qu’elle permettra au client d’être « véritablement roi ».
Ce service va bouleverser aussi la notion de propriété du numéro. « Les numéros de téléphone sont considérés « à tort » comme propriété de l’opérateur et non du client, notamment en Algérie, où des tranches de numéros sont attribuées aux opérateurs selon les préfixes (0770, 0550, 0! 660 et 090). Or, de nombreux pays ont adopté une numérotation avec un seul préfixe pour tous les opérateurs du mobile », expliquait Mebarek Boukaba à Maghreb Emergent. Pour cet expert en TIC, l’introduction de la portabilité du numéro ne va pas seulement favoriser une concurrence saine et une meilleure qualité de service, mais aussi limiter le gaspillage des ressources nationales en numéros et assainir la situation des numéros non fonctionnels.
Pour rappel, l’Algérie est l’un des rares pays à ne pas offrir le service de la portabilité du numéro. Au Maroc, celui-ci existe depuis 2007 et la Tunisie s’apprête à le lancer en juillet 2013.