“Ils étaient où, ces députés, quand les jeunes ont investi la rue pour réclamer leurs droits les plus légitimes, un logement décent et un emploi permanent ?” s’interroge Mohamed, un quadragénaire rencontré au centre-ville.
Après une semaine de son lancement officiel, la campagne électorale n’alimente toujours pas l’actualité dans la wilaya de Tamanrasset. La population semble plutôt préoccupée par la mercuriale qui s’est exagérément affolée.
Les habitants de l’Ahaggar ne sont guère intéressés par les listes affichées. “On ne veut plus se laisser prendre par les supercheries de ces partis politiques. Une fois le billet d’accès à l’hémicycle de l’APN décroché, les députés, comme à l’accoutumée, nous tournent carrément le dos et dérogent aux traditions de la région en optant pour un nouveau look, se parant de beaux costumes qui leur font oublier les us de leurs ancêtres”, regrette Mohamed, un quadragénaire rencontré au centre-ville.
“Ils ont fait quoi lors des derniers mandats ? Qu’ont-ils apporté aux jeunes de cette ville en proie à tous les fléaux sociaux ? La contrebande, le trafic de drogue et les vols ont atteint des seuils alarmants dans cette ville autrefois connue pour sa quiétude et sa sérénité. Ils étaient où, ces députés, quand les jeunes ont investi la rue pour réclamer leurs droits les plus légitimes, un logement décent et un emploi permanent ? Des questions auxquelles on n’a jamais eu de réponse. Aujourd’hui, ils se voilent la face et s’amusent à présenter des programmes, si programme il y a, confectionnés sans tenir compte des aspirations de la population. Inconcevable”, ajoute-t-il. Abderrahmane est, lui aussi, contre les discours démagogiques distillés à chaque opportunité politique. “Nous n’avons plus besoin qu’on nous fasse un rappel des projets réalisés pour faire campagne. Le monde entier sait que Tamanrasset est alimentée en eau potable depuis In Salah sur 750 km. On sait aussi que plusieurs localités ont été désenclavées et des routes bitumées. Mais il serait bien de voir aussi la partie immergée de l’iceberg, d’établir un compte rendu exhaustif qui mentionne le délabrement du maillage routier ou encore de l’insalubrité ambiante faisant partie du décor de la ville. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes et caressent désespérément le rêve de trouver un emploi pour pouvoir fonder un foyer. Les députés ont-ils connaissance des jeunes promoteurs ayant bénéficié d’un microcrédit et qui se retrouvent actuellement devant le juge ? Bien sûr que non, puisqu’ils n’apparaissent que lors des visites des officiels. Je ne veux parler ni de boycott ni d’abstention pour le moment. Mais je tiens à vous confirmer que ce scrutin n’augure rien de bon”, a-t-il dit. À Tamanrasset comme dans plusieurs wilayas du pays, les habitants sont convaincus de voter uniquement pour exaucer la volonté des notables, quitte à mettre un bulletin nul dans l’urne plutôt que d’ouvrir une brèche aux conjectures d’abstention. Toutefois, les voies de la spéculation sont d’ores et déjà ouvertes par certains partis politiques qui n’ont, malheureusement, pas jugé bon d’afficher leurs listes, faisant fi du code électoral. En effet, sur les 21 listes en lice, dont une de candidats libres, 18 ont été affichées. Selon un membre local de la Haute instance indépendante de surveillance des élections, “aucune requête n’a été enregistrée jusque-là. Tous les moyens ont été mis en place pour que les élections dans cette wilaya, qui renferme un corps électoral de 15 029 électeurs répartis sur

282 bureaux dont 34 itinérants, se déroulent dans de bonnes conditions”. Notons que 42 espaces de rassemblements et de meetings et 150 sites d’affichages ont été mis en place.