Alors que le public se perdait en conjectures politiques au sujet de son éviction, l’ami Amara est venu lui rappeler la trivialité du mécanisme de nomination-révocation dans le système algérien : “J’ai été nommé sur un coup de fil et j’ai été écarté sur un autre.”
En d’autres termes, et de son propre point de vue, le limogeage du ministre est dans l’ordre des choses du régime. Les “observateurs” peuvent ensuite y trouver matière à interprétation. Et le concerné aussi. Ce qu’il fit : Benyounès se dit victime de lobbys dont les intérêts ont été menacés par son œuvre entamée d’assainissement du secteur commercial. Mais le sort que lui réserve cette force anonyme, mafieuse, parasite et puissante, même si elle agit à travers le régime, ne lui a pas fait changer de position envers ce régime.
C’est même le message essentiel de sa prise de parole post-révocation, puisqu’il dit “insister” sur une chose : “Le soutien total et sans condition au président de la République. Nous l’avons soutenu avant notre arrivée au gouvernement, pendant et nous le soutenons après.”
Les lobbys du commerce informel et de l’import peuvent changer un ministre sous le régime Bouteflika et susciter “des coups de fil” fatals à un chef de parti de l’alliance, cela reste sans effet sur son appréciation du régime qu’il soutient. On peut supposer que dans l’attente du prochain coup de fil, qui ne pourra que lui remettre le pied à l’étrier — si “les lobbys” malveillants perdent en hostilité ou en influence —, il continuera à le soutenir.
C