Les événements à Ghardaïa se poursuivent, caractérisés par des tentatives de ramener le calme de façon durable dans cette wilaya. Des initiatives qui suscitent l’espoir des habitants épuisés par tant de violences, d’affrontements, et aspirant à la quiétude face à la réapparition inexpliquée de la violence qui dure depuis neuf mois déjà.
Ainsi, un sit-in pacifique est prévu lundi matin devant le siège de la wilaya de Ghardaïa, à l’appel du conseil malékite de la ville et celui de Berriane pour dénoncer la violence et l’insécurité qui a régné dans cette wilaya, en particulier pendant le mois de Ramadhan et les deux jours de l’Aïd El Fitr.
Le conseil malékite de Ghardaïa ajoute dans un communiqué que ce sit-in sera également une expression contre ce qu’il qualifie de «manque de professionnalisme de certains agents de l’ordre public qui ont usé de bombes lacrymogènes pour disperser un groupe de femmes protestant mercredi contre la violence».
Sur le terrain, la situation reste très tendue. Un homme a été agressé et sa camionnette complètement incendiée. Il a été évacué à l’hôpital de Ghardaïa ville. Son état de santé est stable, mais il souffre de brûlures au second degré, avons-nous appris de source locale.
D’autres incidents ont été fort heureusement évités hier encore. Des sages de cette wilaya sont intervenus pour éviter l’aggravation de la situation.
Un important lot de munitions récupéré
D’autre part, des perquisitions ont été effectuées hier par la police dans des maisons du quartier de Kaf Hamouda, à la place Tihart, dans la commune de Berriane, située à 45 km de la wilaya de Ghardaïa, lors desquelles un lot important de casques, de cagoules, du fer utilisé pour les jets d’acide et d’essence ont été saisis, selon des sources sécuritaires.
«C’est suite à une enquête, après les aveux d’un émeutier arrêté que nous avons pu mettre la main sur ce lot important de moyens utilisés dans les échauffourées récentes», a expliqué notre source.
Dans l’une des maisons concernées par ces perquisitions, 7 personnes ont été arrêtées, dont l’une est âgé de 52 ans, selon ces sources qui annoncent que «c’est suite aux directives du wali de Ghardaïa que ces perquisitions ont été effectuées». La violence a fait plusieurs victimes le jour de l’Aïd el Fitr à Berriane.
C’est ainsi que 136 familles ont été obligées de fuir leurs maisons et trouvé refuge dans l’enceinte d’une école primaire. Au quartier Bab Saad, lieu où les échauffourées ont éclaté, 130 familles ont quitté leurs foyers : 45 maisons ont été incendiées, saccagées et vandalisées ainsi que quatre locaux, recensés par l’huissier de justice.
Au quartier Kaf Hamouda, 30 familles ont également été délogées, 12 maisons saccagées et 10 garages vandalisés.
Par ailleurs, dix-huit personnes présumées impliquées dans les échauffourées qu’a connues la localité de Berriane ont été interpellées et seront présentées incessamment devant les instances judiciaires, selon le wali, Abdelhakim Chater.
«Ces échauffourées qui ont éclaté dans la localité de Berriane, le premier jour de l’Aïd, ont fait 44 blessés dont 33 agents des forces antiémeute», a signalé le wali en précisant qu’un agent a été touché et a dû être évacué vers l’établissement hospitalier spécialisé de Ouargla dans un état jugé grave.
Intervenant devant les notables et les représentants de la société civile de Ghardaïa, le wali a assuré que «l’Etat appliquera la loi contre les fauteurs de troubles et ceux qui tentent de mettre en péril la cohésion sociale de la région».
Une opération de nettoiement sur la route nationale a été entamée mercredi pour effacer les stigmates de ces malheureux événements, ont assuré les services de la direction des travaux publics.
La wilaya de Ghardaïa continue donc à être menacée par la violence qui, malgré les appels au calme et à la sagesse, réapparaît à chaque fois, allonge la liste déjà trop longue des victimes, et cause davantage de dégâts matériels.
F. H.
