La police provoque un bain de sang dans le sud-ouest de la Tunisie : Au moins 50 morts

La police provoque un bain de sang dans le sud-ouest de la Tunisie : Au moins 50 morts

Un responsable syndical a indiqué à l’AFP mardi 11 janvier que les émeutes à Kasserine (centre) ont fait plus de 50 tués en 3 jours. Plutôt dans la journée, la présidente de la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH), Souhayr Belhassen, indiquait que le nombre de victime s’élevait au moins à 35. Dans un discours prononcé lundi, le président Ben Ali dénonce des « actes terroristes ».

La situation est chaotique à Kasserine, chef-lieu du centre-ouest de la Tunisie, région où des émeutes ont fait plus de 50 tués ces trois derniers jours, a indiqué mardi à l’AFP un responsable syndical. « C’est le chaos à Kasserine après une nuit de violences, de tirs de snipers, pillages et vols de commerces et de domiciles par des effectifs de police en civil qui se sont ensuite retirés », a indiqué Sadok Mahmoudi, membre de l’union régionale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT, centrale syndicale). Cette version des faits a été corroborée par d’autres témoins interrogés par l’AFP.

Le nombre de tués a dépassé les cinquante, a-t-il indiqué, citant un bilan recueilli auprès du personnel médical de l’hôpital régional de Kasserine où ont été transportés les corps. Un fonctionnaire local ayant requis l’anonymat a aussi décrit une « situation de chaos » dans cette ville à 290 km au sud de Tunis, confirmant des tirs de snipers postés sur le toits et des forces de police tirant sur des cortèges funèbres.

Le personnel médical de l’hôpital de Kasserine a débrayé durant une heure pour protester contre le nombre élevé de victimes et la gravité des blessures, a ajouté ce fonctionnaire, décrivant des « cadavres éventrés, à la cervelle éclatée ». Un homme de 75 ans et son épouse ont été tués dans le quartier Ezzouhour alors qu’ils allaient enterrer leur enfant aujourd’hui, selon ce témoignage.

Heurts dans un faubourg de Tunis

De nouveaux heurts ont éclaté mardi 11 janvier entre des habitants du faubourg ouvrier d’Ettadamen, dans la banlieue de Tunis, et les forces de l’ordre, ont rapporté plusieurs témoins. Selon ces derniers, joints au téléphone par Reuters, des groupes de manifestants ont saccagé des magasins et mis le feu à une banque. Les policiers se sont lancés à leur poursuite à l’aide de matraques.

C’est la première fois que des violences graves sont signalées dans la capitale tunisienne depuis le début des émeutes à la mi-décembre.

Officiellement 21 morts

Le bilan des émeutes de ces derniers jours en Tunisie s’établit à 21 morts, a déclaré mardi le ministre des Communications en qualifiant de fausses informations les chiffres supérieurs à ce bilan officiel.

« Je vous confirme que le nombre de morts durant le week-end est de 21 », a dit Samir Labidi lors d’une conférence de presse. Le précédent bilan officiel était trois fois inférieur. « Tous les autres chiffres donnés par la télévision et les agences qui parlent de 40 à 50 (morts) sont totalement faux », a-t-il ajouté.

Premier bilan d’au moins 35 morts

Le nombre de morts dans les émeutes en Tunisie s’élève à au moins 35, après les violences du week-end dans des localités du centre-ouest du pays, indiquait mardi matin à l’AFP la présidente de la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH), Souhayr Belhassen.

Belhassen, elle-même tunisienne, a affirmé que les blessés étaient très nombreux. « On ne peut pas les compter », a-t-elle dit. En fin de semaine dernière, avant les violentes manifestations du week-end dans ces trois villes de l’intérieur du pays, le bilan de cette vague inédite de protestation sociale s’élevait à au moins 4 morts, dont deux suicides.

Selon Souhayr Belhassen, l’agitation s’est également déplacée à des villes côtières, au coeur de la Tunisie touristique. Des incidents se sont produits à Bizerte (nord) et Sousse (centre-est), a-t-elle indiqué. Une autre ONG de droits de l’Homme, Amnesty International, a indiqué lundi qu’au moins « 23 personnes » avaient été « tuées par les forces de sécurité » lors des affrontements survenus samedi et dimanche en Tunisie.

Ecoles et universités fermées jusqu’à nouvel ordre

Par ailleurs, le gouvernement tunisien a ordonné la fermeture de toutes les écoles et universités à compter de mardi et jusqu’à nouvel ordre, rapporte lundi l’agence de presse officielle TAP.

« A la suite de la violence dans des universités et des lycées, et en attendant que l’enquête établisse les responsabilités (…), nous avons décidé de suspendre tous les cours dans tous les établissements d’éducation (…) à compter de demain mardi et jusqu’à nouvel ordre », précise l’agence TAP qui cite le ministère de l’Education.

Le gouvernement impute les troubles à des extrémistes qui s’en sont pris aux forces de l’ordre. Le président Zine el Abidine Ben Ali a mis en cause des « éléments étrangers ». Dans un discours télévisé prononcé lundi 11 janvier, il a amputé les violences à des terroristes et promis 300 000 emplois. « Nous avons décidé de multiplier les capacités d’emploi et la création de sources de revenus (…) dans tous les secteurs durant les années 2011 et 2012″, a-t-il déclaré, annonçant 300 000 emplois en plus de 50 000 autres promis par le patronat pour les régions.

Ceci, permettra « l’embauche du plus grand nombre de chômeurs, autres que les diplômés du supérieur et parmi les sans-emploi de toutes les catégories et de toutes les régions », a-t-il assuré.