La police algérienne n’en finit plus de subir les contre-coups des ratés de l’Administration qui se révèle incapable de faire face aux doléances des citoyens. En effet, les insuffisances, les négligences, le clientélisme, le favoritisme, le laxisme et l’incompétence… toutes ces tares érigées en règle de conduite par les différentes administrations ont induit des comportements malsains qui ont donné naissance à des réactions négatives de la part des citoyens.
Culture des émeutes
Ces derniers ont développé depuis quelques années une culture des émeutes pour faire aboutir leurs revendications. Routes barrées, pneus brûlés, destruction du mobilier urbain, atteinte aux biens publics et privés, incendies, dégradations, envahissement des institutions publiques etc…toutes ces comportements ont d’ailleurs tendance à se banaliser.
Concernant le rôle de la police pour face à ces situations, des sources bien informées ont confié à notre rédaction que « la police n’intervient que sur réquisition de l’autorité administrative ou judiciaire et n’investit en aucun cas la rue de son propre chef. Elle est pour ainsi dire sous l’autorité administrative. Ce n’est pas son rôle de juger les situations ni d’avoir un quelconque avis sur telle ou telle décision administrative et encore moins se substituer aux autorités locales ».
Réquisitionnée par l’autorité administrative
« Lorsqu’elle est réquisitionnée par l’autorité administrative, la police engage en priorité des interventions soft sur le terrain en optant pour un dialogue constructif destiné à désamorcer la situation pour éviter une confrontation brutale qui pourrait avoir des conséquences dramatiques. Souvent le procédé s’avère concluant et positif ce qui permet une dispersion rapide et une levée du dispositif policier » ajoutent les mêmes sources.
« Le deuxième aspect est la dissuasion qui consiste a investir la rue et à bloquer toutes les issues pour éviter débordements et dérapages et cette méthode s’est révélée dans certains cas efficace. Ça c’est l’aspect du travail sur le terrain qui donne la priorité à la gestion en douceur des manifestations » souligne t-on.
« Ce n’est malheureusement pas toujours le cas puisque souvent le mécontentement est tel que toute approche pacifique est totalement impossible surtout lorsque les manifestants veulent en découdre avec la police et pour ce faire sont munis de bâtons, de pierres, de bouteilles et surtout de cocktails molotov ( bouteilles incendiaires) très dangereux pour le personnel policier et pour les édifices publics et privés’ indiquent nos interlocuteurs.
Moyens conventionnels
« Pendant ces affrontements la police utilise des moyens conventionnels, camions à eau, gaz lacrymogènes… Et exceptionnellement d’autres moyens comme les balles en caoutchouc lorsque des commissariats sont attaqués et que la vie des personnels qui y travaillent est en danger. Des mesures d’auto défense sont alors appliquées et malheureusement peuvent aboutir à des conséquences dramatiques » affirme t-on.
« Ceci reste néanmoins exceptionnel mais entache la notoriété de la police qui est alors perçue comme brutale et répressive alors que souvent les interventions sur le terrain sont extrêmement complexes et requièrent beaucoup de doigté pour faire face à un environnement agressif en ayant toujours en tête de préserver la vie humaine qui est la priorité des priorités » insistent nos sources..
« Souvent aussi les conditions de vie et de travail des policiers sont extrêmement difficiles en raison de la survenance de situations inédites comme celles vécues dans la wilaya de Ghardaia où il a fallu expédier en urgence des unités républicaines entières et maintenir sur place un dispositif policier aussi nombreux que conséquent pour faire face à une situation exceptionnelle qui a engendré des accusations de soit disant complicité de la police tantôt avec une partie tantôt avec l’autre partie en conflit » ajoutent t-on.
Policiers ciblés
« D’où des attaques meurtrières contre les policiers de la part des deux belligérants. Des policiers qui ont vécu ces attaques comme un désaveu de leur mission de maintien de l’ordre alors qu’ils sont loin de chez eux, vivant dans des conditions difficiles qui ont obligés la Direction générale à construire dans l’urgence avec le concours de Bâtimétal des baraquements, des douches, des cuisines, des réfectoires pour héberger et nourrir des milliers d’agents qui ont du mal à supporter ce cadre de vie et de travail » affirment nos interlocuteurs.
« Ces policiers à cran, vivants des conditions de vie et de travail difficiles, vulnérables psychologiquement, sont devenus des proies faciles pour des parties tierces qui ont usé de manipulation pour les faire sortir dans la rue tentant ainsi de déstabiliser l’institution policière » précisent t-on.
Ras-le-bol
« C’est donc le ras-le-bol chez les policiers qui en ont marre de jouer aux boucs émissaires. Accusés, décriés, attaqués, malmenés, vilipendés, ciblés, pire, manipulés… les policiers n’arrêtent pas de boire le calice jusqu’à la lie. Alors qu’elle n’est en rien responsable des insufisances de l’Administration, la police se retrouve à son corps défendant en première ligne, exposée aux critiques, se trouvant malgré elle dans une position inconfortable, payant pourtant le prix fort pour une politique quelle n’a ni initiée ni développée ni accompagnée » soulignent avec force nos sources.
Ces dernières ajoutent que « Les derniers évènements de Touggourt sont la parfaite illustration du prix à payer par la police qui se retrouve sous les feux de la rampe, acculée à s’expliquer et à se justifier alors qu’elle n’a aucune responsabilité dans le mécontentement de la population locale ».