Deux commissions d’enquête sont à pied d’œuvre au port d’Annaba pour enquêter sur le dernier scandale qui a éclaboussé deux services sécuritaires importants, l’un accusant l’autre. Le port d’Annaba est-il devenu une passoire à tout genre de trafic mafieux va-t-il encore devenir une plaque tournante des « biznassa » tous secteurs confondus ?
Suite à l’affaire des trois véhicules de marque Boxer bourrés de produits prohibés par la législation algérienne en vigueur, le DGSN, Abdelghani Hamel , a dépêché dimanche dernier une commission d’enquête sur le site du port d’Annaba avec pour principale mission de découvrir les véritables tenants et aboutissants de cette affaire scabreuse, où sont incriminés trois malfaiteurs notoires de la région de Souk-Ahras connus des services de police et qui, après la découverte de leurs méfaits, ont quitté l’enceinte portuaire sans être inquiétés, sans accomplir aucune formalité administrative.
L’autre commission, dépêchée par le patron des douanes algériennes Kadour Bentahar, pointe ses investigations essentiellement sur d’éventuelles complicités d’agents des douanes tant à Skikda qu’à Annaba. Pourquoi Skikda alors que le pot-aux-roses a été découvert à Annaba ? Skikda a été le premier port de destination des trois contrebandiers avant qu’ils ne se décident pour le port d’Annaba.
Selon des sources sécuritaires proches de cette enquête, le trio mafieux comptait faire sortir sa marchandise de contrebande à partir de Skikda, ignorant qu’ils ont été infiltrés par les limiers des douanes basés à Alger.
Au port d’Annaba, une fois que le bateau de voyageurs arrivant de Marseille, battant pavillon algérien et à bord duquel se trouvaient les trois comparses a accosté, les douaniers ont mis la main sur plus de 275 kilogrammes d’argent, 7 000 téléphones cellulaires haut de gamme, 3,8 kilogrammes d’or, 5 000 plaques de drogue Chebex, des centaines de téléphones portables haut de gamme, des centaines de pièces de rechange pour véhicules haut de gamme et d’autres centaines de bombes lacrymogènes.
Cette marchandise prohibée par la législation algérienne a été découverte à l’intérieur de trois véhicules de marque Boxer, immatriculés en Allemagne. Selon des estimations douanières, la valeur marchande des 275 kilogrammes d’argent saisis avoisine les 22 milliards sept-cent-cinquante millions de centimes, quand on sait que le simple kilogramme d’argent est vendu au marché officiel à un million de dinars. Concernant les plaques de drogue Chebex, les mêmes sources les ont estimées à 100 millions de centimes.
Pour le moment de hauts responsables policiers et douaniers dépêchés par leur hiérarchie respective enquêtent pour situer d’éventuelles complicités dans les deux corps. Par exemple, côté police, pourquoi les trois contrebandiers ont-ils pu prendre la poudre d’escampette au nez des policiers et surtout côté douanier, les enquêteurs cherchent à découvrir d’anciens passages, tant au port d’Annaba qu’à celui de Skikdas des trois fuyards, et identifier les agents qui les avaient contrôlés précédemment. Selon des sources portuaires sûres, ce trio de malfaiteurs n’en est pas à son premier coup.