La police empêche une marche des médecins grévistes d’accéder vers le palais de Bouteflika

La police empêche une marche des médecins grévistes d’accéder vers le palais de Bouteflika

Plusieurs centaines des médecins résidents ont observé mercredi 6 avril un sit-in de protestation à deux pas du siège de la présidence dans le quartier d’El-Mouradia, sur les hauteurs d’Alger.

Voulant rejoindre le siège de la présidence, plus de 5000 médecins grévistes, selon les estimations des organisateurs, ont été empêché par les forces antiémeutes d’atteindre la place qui faisait face au siège de la Présidence.

«Un important cordon policier nous a empêché en début d’après-midi de progresser. Nous avons été bloqués devant le lycée Cheikh Bouâmama, à 500 mètres de la présidence», affirme à DNA Amine Benhabib, porte parole du collectif des médecins résidents algériens.

En grève illimitée depuis le 28 mars, les médecins résidents, venus de plusieurs hôpitaux du pays, ont été rejoints par les chirurgiens dentaires et des médecins internes, selon M. Benhabib.

Les contestataires, pour la plus part vêtus en bouses blanches, se sont ainsi massés sur les trottoirs de l’avenue Souidani Boudjemâ, encadrés par des centaines de policiers, indique à DNA Nabil, 30 ans, médecin gréviste.

« Ils nous ont seulement encerclés. Ils veulent visiblement qu’on n’atteigne pas la place devant le siège de la présidence», estime-t-il. La circulation automobile sur ce tronçon est rendue difficile.

Les forces antiémeutes n’ont pas jusque-là eu recours à la violence pour disperser les protestataires, confirme, pour sa part, le Dr Benhabib.

Contraints par les policiers d’occuper pendant plusieurs heures les trottoirs de la route menant à la présidence, les médecins grévistes scandaient, entre autres, « Président, Président, sauvez le résident ! », « pas de service civil ! ». « Ya Abbes, résident marahouch labas (le résident ne va pas bien) ».

Appelant également au départ de Djamel Ould Abbes de son poste de ministre de la Santé, ils ont brandis des pancartes et des banderoles sur lesquels sont exposées leurs doléances.

Vers 16h30, les premiers groupes de médecins grévistes commençaient à se dispersés dans le calme.

La décision de sortir dans la rue intervenait suite à l’attitude hermétique que leur ont réservée les représentants du ministère de la Santé dans la prise en charge de leurs revendications.

Le ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbes, a réaffirmé mercredi que l’annulation du service civil que revendiquent les médecins résidents « ne relève pas de ses prérogatives » les appelant « à la raison, à faire preuve de sagesse et à mettre la santé du malade au dessus de toute considération ».

Mardi 5 avril, les délégués nationaux des médecins résidents se sont retirés des trois commissions mixtes mises en place par le ministère de la Santé. La raison ? Ces commissions ne sont pas en mesure de prendre en charge les revendications des protestataires, selon le collectif autonome.

Insatisfaits par les réponses du ministère de tutelle, les médecins résident ont décidé, ultime recours, d’interpeller le premier magistrat du pays dans l’espoir de débloquer la situation. « (…) Nous avons épuisé toutes les voies de recours à travers des commissions mises en place par notre tutelle qui déclarent ne pas avoir les prérogatives nécessaires pour répondre à nos préoccupations légitimes (..) », écrivent les rédacteurs de la missive, assortie d’une plate forme de revendications, adressées au Chef de l’ Etat

Dans leur plate-forme de revendications, les blouses blanches réclament l’abrogation du service civil obligatoire auquel ils sont soumis durant une période allant de 1 à 4 ans, la mise en place d’un plan de carrière, l’ouverture de postes budgétaires et l’augmentation de leurs salaires.

Ils exigent également la révision du l’actuel statut qui devrait leur assurer un droit syndical, des congés de maternités pour les résidentes et des primes de contagion et de risque.

Le salaire de médecins résidents, 8000 sur le territoire national, est plafonné à 32 000 dinars (320 euros) alors que le salaire minimum garanti est de 15 000 dinars (150 euros).

Droit de suite : Le ministre appelle les résidents à la raison (APS)

Le ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbes, a réaffirmé mercredi que l’annulation du service civil que revendiquent les médecins résidents « ne relève pas de ses prérogatives » les appelant « à la raison, à faire preuve de sagesse et à mettre la santé du malade au dessus de toute considération ».

Invité de l’émission « Tahaoulat » de la chaîne une de la radio nationale M. Ould Abbes a précisé que l’annulation du service civil que revendiquent les médecins résidents « ne relevait ni de ses prérogatives ni de celles de l’enseignement supérieur et doit faire l’objet de textes de lois clairs ».

Le ministre a ajouté de cette revendication doit être discutée au niveau du Gouvernement et accompagnée d’un exposé des motifs. Ce qui est demandé aujourd’hui, a-t-il poursuivi, c’est de réglementer le service civil de « manière rationnelle en assurant les moyens techniques nécessaires et le logement à ceux qui rejoignent des postes de travail situés dans des zones lointaines et dans le Sud ».

Le premier responsable du secteur a rappelé également qu’une « prime d’encouragement substantielle » sera incluse dans le nouveau régime indemnitaire qui sera prêt fin avril tout en annonçant qu’il entamera à partir de lundi prochain des réunions qui regrouperont des représentants des ministères de la santé, des finances et du directeur de la Fonction publique pour discuter du régime indemnitaire propre aux médecins généralistes et au corps paramédical.

« Le service civil sera annulé entièrement lorsqu’une couverture sanitaire sera assurée de manière globale et juste à travers l’ensemble du territoire national ».

C’est une chose réalisable, a-t-il encore souligné, après l’exécution du nouveau Plan « extrêmement ambitieux » du Sud qui prévoit la formation des médecins de cette région ».

« En attendant cette échéance, a poursuivi le ministre, est-il concevable, après cinquante années d’indépendance, qu’on ait recours aux étrangers pour satisfaire les besoins sanitaires de la population du Sud », appelant les médecins grévistes « à la raison et à privilégier les intérêts du malade ».

Il convient de rappeler que les médecins résidents avaient entamé une grève ouverte lundi dernier et décidé de se retirer des commissions conjointes installées pour la prise en charge des revendications des grévistes. Les revendications des médecins résidents consistent en l’annulation du service civil, la révision de leur statut, l’augmentation des salaires et la validation des stages spécialisés qu’ils auront effectués à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Revenant sur le corps paramédical qui envisage à son tour d’entrer en grève M. Ould Abbes a qualifié d’ « inconcevable cet état de fait, d’autant que toutes les revendications de ce corps ont été prises en charge dans le cadre de six décrets déjà signés en attendant la signature du décret propre aux auxiliaires en réanimation-anesthésie », a souligné M.Ould Abbes.

Avant de conclure, le ministre de la santé a évoqué la Loi sur la santé « qui répondra à toutes le préoccupations », affirmant que son ministère n’a nullement l’intention de l’élaborer discrètement, promettant d’y associer tous les acteurs du secteur.