Des policiers ont dispersé samedi après-midi dans le centre d’Alger un demi-millier de manifestants qui, s’inspirant des mouvements de révolte qui secouent une partie du monde arabe, voulaient organiser un défilé au départ de la place du 1er-Mai.
Un journaliste de Reuters a vu les protestataires, qui scandaient « Algérie libre et démocratique! », repoussés à deux pâtés de maisons de la place, dans la cour d’un ensemble d’immeubles résidentiels, sous la pression de centaines de policiers en tenue anti-émeute.
Plusieurs centaines de badauds, ainsi que quelques partisans du gouvernement, ont également été pris dans ce mouvement.
A 14h00, les manifestants se sont finalement dispersés, sans incidents signalés, et la circulation est redevenue normale dans le secteur.
« Si les autorités sont vraiment démocratiques, pourquoi ne pas autoriser cette marche ? », s’interrogeait une manifestante.
Les policiers ont interpellé Belaïd Abrika, figure de l’opposition qui fait campagne pour les droits des Kabyles.
Un important dispositif policier avait été mis en place pour empêcher ce défilé.
Plusieurs heures avant l’heure fixée pour le début de la manifestation, des dizaines de fourgons de police et des véhicules militaires étaient déjà déployés dans la capitale algérienne.
BAISSE DU PRIX DE DENRÉES DE BASE
Des policiers avaient pris position sur les axes menant à la place du 1er-Mai, non loin du port, appuyés par des véhicules équipés de canons à eau. Un hélicoptère de la police survolait le quartier.
L’appel à défiler dans Alger avait été lancé par des groupes de défense des droits de l’homme, des syndicalistes et un petit parti d’opposition. Les principales forces de l’opposition algérienne ne s’y étaient pas associées.
Les autorités n’avaient pas autorisé le défilé mais proposé aux opposants de se rassembler dans un endroit convenu.
Quelque 150 manifestants s’étaient déjà réunis samedi dernier place du 1er-Mai et avaient promis de s’y retrouver chaque semaine pour demander des réformes démocratiques.
« Nous avons besoin de changer le système politique mais je ne crois pas que le changement puisse venir de ces manifestants », écrit samedi l’éditorialiste du journal indépendant El Khabar.
Des troubles en Algérie pourraient avoir des conséquences sur l’économie mondiale, le pays étant un important exportateur de gaz et de pétrole.
Les experts doutent toutefois d’un scénario à l’égyptienne ou à la tunisienne, le gouvernement semblant disposer des ressources nécessaires, via la manne énergétique, pour répondre à la plupart des revendications.
La levée de l’état d’urgence, décrété en 1992 dans le cadre de la lutte contre l’islamisme, devrait intervenir d’ici la fin du mois, parallèlement à l’annonce de plusieurs décisions relatives au logement, à l’emploi et à l’administration, ont annoncé mercredi les autorités.
Le gouvernement est également intervenu pour faire baisser le prix de certaines denrées de base et a augmenté les importations de blé.
Benjamin Massot, Jean-Loup Fiévet et Guy Kerivel pour le service français