Depuis quelques semaines, des producteurs maraîchers d’un nouveau genre ont fait leur réapparition sur les terres agricoles disséminées de part et d’autre des berges de la l’Oued Mekerra.
Cultivant en propre ou en location des parcelles appartenant des exploitations agricoles collectives (EAC) ou individuelles (EAI) défaillantes, ces nouveaux «Khedharra », qui se veulent en apparence très discrets pour le voisinage, ne s’empêchent pas pour autant de mobiliser les gros moyens pour pomper les eaux fangeuses de l’imprévisible rivière.
Motopompes de différentes puissances, tuyauterie de longueurs et de diamètres divers, canalisations enfouies sous terre, tous les éléments du dispositif classique de l’irrigation agricole sont ainsi mis en place pour alimenter en abondance une grande variété de cultures grandes consommatrices d’eau, telles que tomates, oignons, poivrons, pommes de terre, melons et pastèques…
Le phénomène semble se poser avec une acuité extrême au niveau du tronçon de la Mekerra traversant la commune de Sidi Brahim où ces maraîchers étrangers pour la plupart de la zone semblent jouir, chaque saison estivale, d’une facilité de manoeuvre à faire douter de la crédibilité des responsables élus locaux.
La curieuse démission de la commission communale en charge de l’agriculture et de la protection du patrimoine hydraulique, dénoncée par ailleurs, n’était pas faite également pour arranger les choses et a fini par laisser libre cours à toutes les spéculations sur l’implication de «certains milieux» défendant par leur silence leurs propres intérêts engagés dans l’affaire.
Cette rumeur n’a pu être vérifiée par nos soins au regard du voile de mystère enveloppant de tout temps ce genre de magouille.
Contactée jeudi après-midi, une élue de l’APW, membre de la commission de l’agriculture, a tenu à faire observer que cette pratique, délictueuse par le fait qu’elle ait recours aux eaux usées non traitées, a fait l’objet d’un dossier d’étude qui sera soumis le cas échéant à l’assemblée de wilaya.
«C’est une pratique qui est devenue très courante sur une grande partie du bassin versant de la Mekerra… Mais ici et là, concédera-t-elle, les services compétents ont toujours pris leurs responsabilités.
Pour preuve, elle citera le cas de la commune de Sidi Bel-Abbès où la police des eaux et les services de sécurité, ont eu à intervenir sur le terrain et mettre un terme aux agissements de ce type de contrevenants qui portent atteinte au domaine public hydraulique et menacent la santé de la population avec la culture et la mise sur le marché de produits de consommation extrêmement dangereux…
«Ces derniers se sont vus ainsi leur matériel de pompage saisi, voire même poursuivis en justice et condamnés à payer de fortes amendes.»
Hier vendredi, une visite du lieu de pompage illicite, nous a permis de relever encore une fois que les contrevenants ne sont pas près de désarmer de sitôt en continuant de squatter le lit de la rivière avec les mêmes équipements hydrauliques et les mêmes pratiques délictueuses sans se soucier le moins du monde des risques sanitaires certains qu’ils font encourir aux consommateurs.
Selon certains agriculteurs bien au fait des arcanes de cette activité douteuse, de grandes quantités de ces légumes bourrés aux eaux usées prennent la direction de différents marchés de la région, dont celui de Sidi Bel-Abbès, pour être écoulés à des prix très concurrentiels par rapport à d’autres produits cultivés sous serres ou en plein champ mais de meilleure qualité et indemnes de toute contamination chimique ou biologique.
Qu’attendent donc les responsables de la commune de Sidi Brahim pour agir contre ces empoisonneurs? Une catastrophe écologique ou une intoxication à grande échelle de la population.
Mir Mohamed