Afripol (police africaine) est née et son siège sera à Alger. C’est ce qui a été annoncé hier lors d’un point de presse animé par le général-major Abdelghani Hamel, directeur général de la sûreté nationale (DGSN), Ismaël Chergui, commissaire à la paix et la sécurité à l’Union africaine (UA) et Mohamed Abou Bakar Adam, responsable à la police du Niger et vice-président de la commission exécutive d’Interpol Afrique.
Ce point de presse a été organisé au terme de la conférence africaine des directeurs et inspecteurs généraux de police tenue à Alger hier et avant-hier pour la création d’Afripol, rappelle-t-on.
«ont participé à cette conférence 113 délégués et 41 pays africains», selon Abdelghani Hamel qui s’est félicité de la réussite de cet événement «important pour le continent africain».
«Afripol est née aujourd’hui. Sa création sera avalisée au cours du prochain sommet des chefs d’Etat africains», a-t-il annoncé. «Les participants aux travaux de cette conférence ont choisi l’Algérie comme siège de cette institution», a-t-il ajouté.
Lors de son intervention hier pendant ce point de presse, Ismaël Chergui a ajouté qu’«Afripol activera en total respect des droits de l’homme et des droits des citoyens», expliquant que cette organisation «est essentielle pour le maintien de la sécurité en Afrique», insistant sur le fait qu’elle relève de l’Union africaine».
Au cours de son intervention hier, Mohamed Abou Bakr Adam a déclaré que «la question qui se pose est pourquoi nous avons besoin de cette organisation».
Mohamed Abou Bakr Adam répond à sa question en déclarant qu’«il est impossible que chaque pays se suffise d’une organisation qui dépend de lui seul», expliquant que les pays africains ont besoin de ce cadre pour coordonner leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, le trafic de drogue et le trafic d’armes.
D’où, explique-t-il, l’importance d’un cadre régissant et facilitant cette entraide entre ces pays et Afripol constitue ce cadre, selon lui.
«Normaliser, informatiser et automatiser les polices d’Afrique»
Abdelghani Hamel a également expliqué l’importance de cette organisation, disant que «chaque continent a sa propre organisation».
Il a ajouté que «l’Europe a Europol, l’Amérique a Améripol et l’Asie Asipol. Il était donc temps que l’Afrique ait Afripol».
Le DGSN a également précisé que «toutes ces organisations travaillent avec Interpol» et qu’Afripol fera de même, ajoutant que «toutefois, Afripol a ses particularités qui se résument en les disparités existant entre les polices du continent africain».
Le général-major Abdelghani Hamel précise en ajoutant qu’«il faut normaliser, informatiser et automatiser les polices africaines».
Il s’agit, en d’autres termes, de permettre aux polices qui ont besoin d’aide d’atteindre les capacités et d’obtenir des formations et des moyens à même de leur permettre de relever les défis lancés par le terrorisme, le trafic de drogue, le trafic d’armes et le crime organisé.
Abdelghani Hamel évoque la mise «à niveau et la formation au bénéfice des différentes polices africaines qui ont des faiblesses et qui accusent un certain retard».
Le Sahara occidental membre d’Afripol
Il s’agit pour les pays membres de l’Unité africaine de former des polices à même de relever les défis représentés par le terrorisme, le trafic de drogue et d’armes et le crime organisé, permettant au continent africain de prendre en charge lui-même ses problèmes sécuritaires. «La police algérienne également a beaucoup à apprendre», selon Abdelghani Hamel.
Ismaël Chergui, qui rappelle qu’Afripol a deux volets, l’un policier et l’autre militaire, a rappelé que l’Union africaine intervient déjà à Lagos, au Niger, et en Guinée, et qu’«en Centrafrique, la force africaine a pris la relève le 19 décembre».
«Au moment où je vous parle, une équipe de la RDC (République démocratique du Congo) est en route pour la Centrafrique», et que «le continent africain rassemble bientôt le nombre autorisé par le Conseil de sécurité de l’ONU de
6000 hommes des forces africaines à mobiliser en Centrafrique».
Les animateurs de ce point de presse ont également précisé qu’«étant membre de l’union africaine, le Sahara occidental est membre d’Afripol».
La déclaration d’Alger
A noter qu’ont participé aux travaux de cette conférence les délégations des pays suivants :
Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Comores, Congo, RD Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Egypte, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Mali, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, République Arabe Sahraouie Démocratique, Rwanda, Seychelles, Sierra-Leone, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe.
Ces pays ont signé, au terme de ces travaux, un document baptisé «la déclaration d’Alger» dans laquelle ils se disent «vivement préoccupés par l’alliance des organisations criminelles, la complexité de leurs actions et modes opératoires qui ont progressivement élargi leur champ d’activité à l’échelle continentale et internationale en mettant à leur profit les conditions socioéconomiques difficiles de certaines populations, la vulnérabilité des frontières, la mondialisation et l’accessibilité aisée aux technologies».
Ils ajoutent avoir décidé «de créer auprès de l’Union africaine un mécanisme de coopération policière africaine sous l’appellation d’Organisation africaine de coopération policière dénommée Afripol, de retenir l’Algérie comme siège d’Afripol, (et) de demander à la commission de l’Union africaine de soumettre un rapport sur la création d’Afripol au prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine prévu en juin 2014 à Malabo (Guinée équatoriale) et de rendre cet organisme opérationnel».
Mounir Abi