Chaque année, le même scénario se répète
Comme il fallait s’y attendre, la plupart des commerçants ont fait défection en fermant leurs boutiques le jour de l’Aïd au grand dam des citoyens qui s’attendaient à une fête pas comme les précédentes.
On a beau leur demander d’assurer un service minimum, les commerçants refusent toujours de se plier à la réglementation en vigueur, en fermant boutique durant les fêtes de l’Aïd. On a cru pourtant que les choses allaient changer, surtout après la promulgation de nouveaux textes de lois obligeant, désormais, les boulangeries et les restaurants, pour ne citer que ceux-là, à assurer une permanence durant les jours fériés. Selon certaines indiscrétions, même la boulangerie gérée par le président des artisans boulangers, M.Kalfat, n’a pas ouvert. Tour à tour, l’Union générale des commerçants et artisans algériens et le ministre du Commerce s’étaient exprimés sur la question, arguant qu’un nouveau dispositif avait été mis en branle et que des sanctions sont prévues à l’encontre de ceux qui enfreindraient la loi. Se joignant à eux, le président de la Fédération des artisans boulangers avait donné, lui aussi, des assurances dans ce sens, promettant que plus de la moitié des boulangeries sur les 22.000 affiliées à la corporation qu’il dirige allaient ouvrir pendant l’Aïd pour approvisionner la population en pain. Des promesses, rien que des promesses, car au premier jour de l’Aïd, la plupart des commerçants avaient baissé rideau, obligeant les habitants de la capitale, notamment, à sillonner les rues d’Alger pour pouvoir acheter du pain, du lait ou quelques bouteilles d’eau minérale fraîches pour étancher leur soif, particulièrement en ces premiers jours d’août où le mercure à dépassé souvent les 40°c.
Exprimant leur mécontentement à la vue de tous ces commerces fermés le premier jour de l’Aïd, beaucoup de citoyens furent obligés d’effectuer plusieurs kilomètres pour pouvoir trouver enfin une boulangerie ouverte. Mais il leur faudra patienter de longues heures parfois pour être servis, en raison de la foule impressionnante de clients qui se pressaient devant la boulangerie en question. Même dans les quartiers populaires habituellement grouillants de monde, les citoyens ont éprouvé toutes les peines du monde à trouver du pain. Seuls les lève-tôt et les fidèles, à leur sortie de la mosquée après la prière d’el fedjr, ainsi que les familles qui s’y étaient préparées, en optant pour le pain traditionnel préparé à la maison, ont pu s’approvisionner normalement. Au demeurant, il n’y a que les épiceries et les vendeurs de tabacs qui ont assuré un service minimum, en ouvrant après la prière de l’Aïd ou durant l’après-midi. Idem le lendemain. En effectuant, vendredi, une petite virée à travers certains quartiers d’Alger, on a remarqué que tous les commerces étaient bizarrement fermés. Ceux qui ont ouvert leurs portes se comptent, malheureusement, sur les doigts d’une seule main, à l’instar de cette boulangerie située au niveau de la rue Pasteur prise d’assaut par les clients, dont certains sont là depuis plus d’une heure, attendant leur tour pour être servis. Même la rue Tanger, d’habitude si animée, a été désertée par les clients. Les rares boutiques qui ont ouvert en cette matinée de vendredi sont un boucher et un boulanger sur les quatre que compte cette artère commerçante. D’ailleurs, ce dernier n’avait plus de pain. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi, il a répondu que la faute incombe aux employés qui sont partis dès la journée de mercredi dernier pour passer en compagnie de leurs familles les fêtes de l’Aïd. «Nous n’avons pas pu les retenir parce que tous habitent l’intérieur du pays et voulaient passer coûte que coûte la fête de l’Aïd avec leurs proches», nous a -t-il confié, ajoutant que c’est grâce à ses frères qui ont suppléé l’absence des artisans que la boulangerie a continué à fonctionner, en produisant du pain durant ces deux jours de fête. Le Parlement avait promulgué, récemment, de nouveaux textes régulant certaines activités, particulièrement à l’occasion des jours fériés et des périodes de congé, soulignant que des permanences sont devenues désormais, obligatoires, concernant les boulangeries notamment, afin de ne pas pénaliser les citoyens. Lui emboîtant le pas, le ministre du Commerce avait promis de sévir contre les commerçants qui ne se plieraient pas à cette mesure et que des sanctions allant du paiement d’une amende pouvant atteindre 50 millions de centimes jusqu’à la fermeture du commerce pour une durée d’un mois, sont prévues par la nouvelle loi. Reste à savoir, maintenant si celle- ci va être appliquée dans toute sa rigueur, surtout après cette volte-face des commerçants qui s’étaient engagés pourtant à la respecter. Car, après l’expérience de cette fête de l’Aïd, il est temps que les pouvoirs publics sévissent, non seulement en appliquant la loi, mais surtout en renforçant le dispositif en vigueur.