La place Tahrir est, à nouveau, le théâtre d’une vague de protestations animées par « les jeunes de la révolution » pour revendiquer préservation « des acquis de la révolution du 25 janvier » déclenchée depuis quelques mois dans ce lieu célèbre. Dans ce contexte de protestations, les élections législatives prévues lundi semblent constituer un non-évènement, l’attention de l’opinion publique y compris des médias, étant détournée vers place Tahrir qui était depuis quelques mois le berceau de l’une des révolutions du « Printemps arabe ». Sur la place Tahrir l’attention est d’abord retenue par l’absence totale d’éléments de l’armée et de la police. Les protestataires se chargent eux-mêmes de surveiller tous les accès qui y mènent et procèdent à leur manière au contrôle de l’identité de tous les visiteurs de cette zone très fréquentée de nuit.
Même si l’heure est tardive, tout semble normal sur la place Tahrir à l’exception de l’odeur du gaz des bombes lacrymogènes émanant de la rue Mohamed Mahmoud où se situe le siège du ministère de l’Intérieur, qui enregistre
des affrontements entre les contestataires et les éléments de la police chargés d’assurer la sécurité de cet édifice. Tous les moyens sont bons pour gagner quelques livres et sur la place Tahrir un nouveau commerce fleurit.
Pour accéder aux lieux il faut impérativement se protéger contre les émanations de gaz lacrymogènes et pour cela les masques, dont le prix en général ne dépasse pas 1 livre égyptienne en pharmacie, peuvent coûter jusqu’à 20 livres (plus de 3 dollars). Eau minérale, lunettes, drapeaux et Kéfieh palestiniennes (portés par les protestaires) sont également vendus sur place au grand dam des propriétaires d’établissements de commerce et autres structures touristiques limitrophes. De l’avis d’experts, il faudra longtemps avant que la Bourse egyptienne, située à quelques encablures de place Tahrir, ne compense ses pertes enregistrées dés les trois premiers jours de la protestation et estimées à plus de 10 milliards de livres égyptiennes (prés de 2 milliards de dollars) Par ailleurs, les infrastructures touristiques mitoyennes dont les hôtels de luxe, sont boudées par les étrangers. C’est le cas du musée du Caire, véritable vitrine de l’Egypte antique, qui recèle des pièces rares datant de l’ère pharaonique. Les riverains de cette place du centre du Caire, notamment les commerçants n’apprécient plus ces sit-in qui ont trop duré et qui menacent leur gagne-pain en raison notamment du recul du nombre de touristes qui évitent cet endroit par précaution.
La Ligue arabe dont le siège est à quelque mètres de la place Tahrir a quant à elle été contrainte, suite à ce mouvement de tenir la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères consacrée à la Syrie, dans un hôtel près de l’aéroport.
Mais à quelque chose malheur est bon. Ce sit-in prolongé est une aubaine pour des marchands venus de tous les horizons écouler sandwiches, pop-corn, pommes de terre, thé, café et autre sodas, voire des vêtements.
Suite aux affrontements entre les manifestants devant le ministère de l’Intérieur, malgré le caractère pacifique de ce mouvement de protestation, un « hôpital de campagne » a été installé pour accueillir et apporter les premiers soins aux blessés avant de les transférer aux hôpitaux de la province par ambulances, seuls véhicules autorisés à accéder à la place Tahrir.
Bien que les revendications ne sont pas claires, les manifestants expriment leur colère face au Conseil suprême des forces armées qu’ils appellent à former un gouvernement « du salut national » pour diriger le pays jusqu’à l’élection d’institutions légales.