ORAN – La pièce « Meursault contre enquête » adaptée du roman de Kamel Daoud, présentée mercredi soir au théâtre régional « Abdelkader Alloula » d’Oran, a remporté un vif succès.
Le comédien algérien, Ahmed Benaïssa et la chanteuse italienne, Anna Anderotti ont eu droit à une longue « ovation » pour leur prestation dans cette pièce.
Dans une salle comble, le public oranais a découvert un Ahmed Benaïssa magistral et une Anna Andreotti d’un grand talent.
Dans un décor très sobre, réduit au maximum, une table et trois chaises et des draps blancs accrochés dans l’arrière plan pour suggérer une terrasse, la force était à la parole, au jeu, aux expressions des comédiens dans cette oeuvre théâtrale.
Ahmed Benaïssa, campant le rôle du fils, Haroun et Anna Andreotti incarnant la mère, ont gratifié le public de deux monologues. Haroun tonitruant, expressif, expansif. La mère évasive, réprimée, s’exprimant dans un chant incompréhensible à la limite de l’onomatopée, mais néanmoins expressif.
Une complainte rageuse, dont on ne saisissait pas les paroles, mais qu’on devinait le tout, agrémenté par des mimiques qui disaient tout. En somme, les deux personnages se rejoignent dans un seul et unique échange, une symbiose.
Dans cet échange de paroles inégal entre un fils et sa mère, apparaissaient en filigrane deux morts en toile de fond: Moussa, frère de Haroun et l’Arabe sans nom, tué par Meursault.
Philippe Berling a adapté pour la scène le roman de Kamel Daoud, « Meursault contre enquête ». Le roman est un cri, un monologue déchirant prononcé par un vieil homme déchiré: Haroun, frère de Moussa, l’Arabe sans nom, tué en 1942 par Meursault dans l’oeuvre « L’Etranger » d’Albert Camus, de laquelle Kamel Daoud a puisé la trame de son roman « Meursault, contre-enquête ».
Philippe Berling a choisi de faire entendre sur scène le monologue du vieil homme qui ne peut se séparer de ses souvenirs et qui les jette comme pour s’en libérer, en présence de la mère, ombre survivante avec un grain de folie.
Pressenti pour le « Prix Goncourt 2014 », l’auteur algérien Kamel Daoud n’a finalement pas obtenu la récompense, mais eu le Goncourt du premier roman.
Il a été salué par la critique et distingué par le « Prix François Mauriac » ainsi que le Prix littéraire des 5 Continents décerné par l’Organisation internationale de la francophonie.