La générale de la pièce de théâtre « Zawali ou Lefhel », une comédie satirique sur la précarité d’une jeunesse réduite aux abois, a été présentée mercredi à Alger dans une conception plastique, aux niveaux d’interprétation multiples.
Devant un public très peu nombreux, faute « d’une programmation et d’une communication efficaces », selon certains spectateurs, la grande salle Mustapha Kateb du Théâtre national Mahieddine Bachtarzi a accueilli, une heure durant, l’histoire de deux jeunes aux rêves et à l’avenir apparemment confisqués.
Le texte de Sid Ali Bouchafâa d’apparence passable et simpliste au départ, s’avère au déroulement de la trame profond et réfléchi constituant une bonne matière à Djamel Guermi, le metteur en scène qui a choisi de donner au spectacle un intelligent aux allures d’une toile de peinture ouverte à différents degrés de compréhension.
Dans la métaphore et l’allusion, le spectacle, dont le seul code d’accès est le vécu social commun à tous, suggère une vision microcosmique d’une société qui se cherche, rejetée par le territoire (représenté par le bateau qui n’accoste jamais) dont elle est issue.
« Zawal »et « Lefhel », deux personnages loufoques incarnés par Redouane Merabet et Zaki Khan, vivant dans le désarroi, entretiennent le rêve de partir à la recherche d’un ailleurs qui puisse leur assurer l’élémentaire et leur garantir un minimum de vie décente.
Sur le quai d’un port, l’attente de voir un bateau accoster pour glisser dans ses cales et voyager clandestinement étant devenue longue et pénible, ils décidèrent de s’adonner à un jeu de rôles où différents personnages inspirés de la réalité seront passés en revue dans le rire et de la dérision et à des situations différentes.
Dans un décor multifonctionnel, signé Redouane Merabet, trois grands filets de pêcheurs dressés au milieu et de part et d’autre de la scène, ont servi à mettre la trame dans son contexte et donner de l’entrain au jeu des comédiens qui ont occupé de manière concluante l’espace scénique.
L’éclairage a contribué à la création d’atmosphères adéquates à l’évolution des évènements, au même titre que la musique qui a ponctué les passages les plus pertinents.
Redouane Merabet et Zaki Khan (fils du remarquable Mourad Khan et dont c’est le 3e spectacle ) ont été au fait des différents personnages interprétés, avec un jeu puisant parfois dans le grotesque .
La trame, évoluant dans un rythme ascendant, a retenu l’attention du spectateur, lui présentant dans le rire et la dérision les travers de la société dans laquelle il vit.
Pointant du doigt « les manquements commis à l’endroit d’une jeunesse qui se perd », le metteur en scène explique qu’il a posé le « diagnostic d’un mal qui ronge la société à la base ».
Produite par la Coopérative « Fen El Mesrah » (art de la scène), la pièce de théâtre » Zawali ou Lefhel » est attendue pour d’autres programmations.