La photo qui illustre « Meursault, contre-enquête » de Kamel Daoud a une histoire et une auteure

La photo qui illustre « Meursault, contre-enquête » de Kamel Daoud a une histoire et une auteure

Un homme marche sur le sable dans une plage d’Alger. Ses pas qui viennent de loin sont encore marquées sur le sable. Des pas parmi d’autres. La photo saisit l’instant. L’homme qui marche vers l’inconnu et des traces de pas que le ressac n’a pas encore effacées.

La photo, en noir et blanc de la photographe-reporter Louiza Ammi suscite immédiatement de l’émotion et de la réflexion. Elle a été déjà publiée, en 2005, dans le livre de Daïkha Dridi, « Alger, blessée et lumineuse » paru aux éditions Autrement (Paris) en 2005 et aux éditions Barzakh, Alger, (2006). Elle était déjà appréciée par ceux qui suivent le travail de Louisa Ammi.

La photo, réutilisée pour la couverture du roman de Kamel Daoud « Meursault contre-enquête » est désormais connue dans de nombreux pays, de l’Algérie au Portugal, du Vietnam aux Etats-Unis.

L’homme qui marche sur cette place est pratiquement identifié au personnage du roman de Daoud qui revisite, à sa manière, l’Etranger de Camus. Louisa Ammi a, dès la lecture du roman, établi le lien entre le roman et sa photo.« C’est fou ce que cet homme qui marche sur le sable de la plage de Qaâ Essour, entre le Palais des Raïs (Bastion 23) et l’Amirauté ressemble au personnage que décrit Kamel Daoud. Dès que j’ai lu le roman, je me suis dit, on dirait que c’est son héros » confie-t-elle au Huffington Post Algérie.

Mettre un nom sur la photo

Les éditeurs ont eu la même réaction. Le marcheur de Qaâ Essour de Louisa Ammi pour illustrer le roman leur a tout de suite paru comme une évidence.

« Elle était proche de son propos – sans se confondre avec lui cependant. Évocatrice, aussi, des lieux à proximité desquels sont censés avoir lieu les faits relatés dans « L’Étranger » de Camus, le fameux meurtre de l’Arabe notamment », lit-on sur le compte Facebook des éditions Barzakh qui mettent un « nom », eux aussi, derrière la photo du roman.

« La photographie originale était en couleur et avait été prise par Louiza Ammi en 2005 pour figurer dans le livre de Daïkha Dridi « Alger, blessée et lumineuse » (éditions Autrement, Paris, 2005 ; éditions barzakh, Alger, 2006). Pour l’édition algérienne, nous avions conservé en archive toutes les photographies, mais en noir et blanc. Nous contactons alors Louiza Ammi à l’été 2013 pour lui demander le fichier original : elle n’en avait plus aucune trace. Nous utilisons donc la photographie en noir et blanc à peine retouchée, rehaussée d’une légère teinte gris chaud », explique-t-on encore.

Les éditeurs algériens suggèrent à leur partenaire français Actes Sud de reprendre la photo de Louiza Ammi lors de la réédition du livre en France en 2014. L’idée est acceptée, explique-t-on encore, « mais leur graphisme est sensiblement différent : c’est une teinte de fond ocre/orangée, plus chaude, qui est ajoutée ».

Même si certains éditeurs dans certains pays ne mettent pas la photo de Louiza Ammi, « au Portugal, aux États-Unis, au Vietnam, il y a cet homme, toujours le même, qui marche sur une plage de Bab el Oued ; derrière lui, sur le sable piétiné, la ligne irrégulière de ses empreintes de pas. L’image voyage, arpente les continents – preuve s’il en est que la photographie est un langage universel  » lit-on encore sur le compte des éditions Barzakh.