Les graves conséquences enregistrées durant les années précédentes, découlant de l’utilisation des pétards, ne semblent pas avoir produit d’effet sur les cartels qui, en prévision de la fête du Mawlid Ennabaoui et profitant d’une complicité invisible et non identifiable, ont réussi à introduire des quantités considérables de produits pyrotechniques. Gare au feu !
Ni les actions de sensibilisation menées par les différents médias ni les prêches dans les mosquées et encore moins les lois de la République n’ont réussi à freiner la prolifération des revendeurs de pétards et autres produits pyrotechniques.
Même les campagnes de sensibilisation visant à moins de dépenses inutiles, faire fi du gaspillage et attirer l’attention sur les conséquences dramatiques pouvant en découler n’ont pas réussi à dissuader les citoyens de céder aux caprices de leur progéniture à la vue des étals disséminés çà et là à travers la capitale au vu et au su de tout le monde.
La panoplie de pétards de tous gabarits et types proposés attise la peur et suscite l’appréhension au sein de certaines couches de la société. Les nouveaux produits hautement dangereux introduits et vendus suscitent bien des interrogations.
Par où ont-ils été introduits est la première question qui traverse les esprits lorsqu’on sait qu’au port d’Alger, les services des douanes n’ont opéré aucune saisie de ce type. Par ailleurs et au vu des «véritables dynamites» revendues, il est une certitude que les services de sûreté auront du pain sur la planche et se devront de redoubler de vigilance en relevant le degré d’alerte au sein des casernes.
Selon certaines sources douanières, «ces quantités auraient été introduites par voie terrestre via les frontières par des camionneurs au service des cartels de contrebande».
Une hypothèse qui, si elle venait à être avérée, remettrait en cause la fiabilité des instruments de détection utilisés par les services de sécurité mais également l’efficacité des brigades cynotechniques activant au sein des barrages combinés installés sur les routes selon une cartographie bien définie.
Quoi qu’il en soit, des centaines de milliards de dinars sont injectés par les réseaux maffieux qui, faut-il le dire, bénéficient d’une inévitable complicité. Les liens reliant ces cartels à des personnes évoluant en des sphères insoupçonnées sont devenus un secret de polichinelle.
«Ce sont des personnes richissimes ayant des accointances avec des personnalités ou des enfants de hauts fonctionnaires qui sont à l’origine des importations de pétards», lancent des revendeurs qui légitiment leur activité en invoquant le chômage et l’oisiveté dont ils sont les otages depuis des années.
«C’est le fils d’un kiyada oulya (haut commandement) qui a introduit les produits que je revends pour gagner quelques sous, tandis que lui, dans l’impunité totale, gagne des milliards sans se mouiller», fulmine un des revendeurs.
Selon une autre source, «les produits sont introduits dans des conteneurs via des petits ports et transitent par les grands espaces illicites tels qu’El Eulma pour y être distribués aux camions en partance vers les différents points du territoire.
Cette déclaration exacerbe la thèse de la non-fiabilité des détecteurs et des chiens renifleurs. Pour l’heure, la question qui se pose est : les autorités agiront-elles pour mettre fin à ce commerce dangereux et illicite ou adopteront-elles une mobilisation se réservant uniquement le droit de porter secours aux blessés ?
Les commerces juteux se multiplient
Djamaâ Lihoud, dans le centre d’Alger et en contrebas de la Casbah, constitue un des endroits de prédilection pour les revendeurs de ces produits pyrotechniques prohibés par la loi et dont l’importation est réprimée par les services de contrôle, notamment les douanes algériennes.
Bien que cette pratique soit interdite, des centaines de types de produits sont proposés aux citoyens et aux familles qui, fatalement, arpentent ces rues pour satisfaire les désirs de leurs chérubins pour qui un mawlid sans pétards serait triste.
Une véritable culture des pétards tend à s’installer, notamment chez les enfants. Les pétards portent même des noms en fonction de leurs effets et de leur force d’explosion.
Sultana, Warda, Double bombe, aquarium, TNT, Zenda, Lahneche (le serpent), Dynamite, Chitana (pétard noir), Mergaza, Titanic et bien d’autres noms sont donnés à ces produits dont les coûts sont hallucinants. Certains d’entre ces produits ont largement dépassé les produits halieutiques les plus recherchés, à l’image des crustacés et autres fruits de mer.
En effet, les prix de certains gros pétards comme «TNT ou dynamite» ont atteint les 3000 et 4000 DA en certains endroits. Les revendeurs proposent des produits oscillant entre 1000 et… 4000 DA. Une large gamme qui piège les parents qui, à l’usure, cèdent aux caprices des enfants, sans penser aux conséquences pouvant en découler.
A cet effet, il est utile de rappeler que durant les années précédentes, l’usage de ces produits a occasionné des dégâts considérables et blessé bon nombre de citoyens qui en garderont quelquefois des séquelles.
Cela dit, la commercialisation de ces larges gammes de pétards par les revendeurs profite aux cartels d’importation qui ne semblent pas inquiets outre mesure, et ce, au même titre que les revendeurs. Il faudra pourtant attendre le jour de la fête pour que les autorités prennent conscience du danger découlant de l’utilisation de ces produits dont le taux de nuisance et de dangerosité ne se calcule qu’aux conséquences dramatiques qu’il génère.
D. Mentouri