La persistance des kidnappings en Kabylie révulse la population et faire fuir les industriels

La persistance des kidnappings en Kabylie révulse la population et faire fuir les industriels
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Trop c’est trop. A l’initiative du comité de crise né au lendemain du kidnapping du jeune Bilek Mourad, âgé de 18 ans, une marche populaire a été organisée, jeudi 19 mai, dans le chef-lieu de Beni-Douala, au sud de Tizi Ouzou. La population entend ainsi mettre la pression sur les ravisseurs de Mourad et dénoncer ce phénomène de kidnappings en Kabylie. Depuis 2005, quelque 64 rapts ont été enregistrés dans cette région d’Algérie ou sévissent bandes maffieuses et groupes terroristes affiliés à Al Qaïda au Maghreb islamique.

Plusieurs centaines de personnes ont pris part à cette manifestation qui a démarré du siège de la mairie vers le siège de la daïra (sous –préfecture ) de Beni-Douala. Sur place, une délégation des marcheurs a remis une lettre au chef de daïra dans laquelle la population dénonce les enlèvements et exige la libération sans conditions du jeune Mourad.

Des parlementaires du RCD et nombre d’élus locaux, dont des présidents d’APC, ont participé aux côtés des citoyens de Béni Douala. La marche a poursuivi son chemin en direction du commissariat de police de la localité, pour exiger davantage de sécurité. Vers midi, la manifestation s’est terminée et les marcheurs se sont dispersés dans le calme.

Mourad Bilek, fils d’un entrepreneur, a été enlevé mercredi 11 mai sur la route de Beni-Douala alors qu’il était à bord de sa voiture.

Pour l’heure, les ravisseurs de Mourad n’ont pas pris contact avec ses proches pour donner des nouvelles de l’otage ou réclamer une rançon. Quand bien même, la famille affirme ne pas être disposée à verser un centime pour la libération de Mourad.

Son frère, Belkacem, 33 ans, informaticien, est venu spécialement de France où il est installé pour aider à sa recherche. Au journal Le Monde (jeudi 19 mai), Belkacem explique que sa famille n’est pas prête à céder au diktat des ravisseurs et promet de « mener des actions tous les jours, mais on ne paiera pas ».

La cellule de crise installée pour tenter de retrouver Mourad a déjà organisé une grève générale, mardi 17 mai, un mouvement de protestation qui a paralysé les quatre communes de la daïra de Beni-Douala.

La mobilisation citoyenne pour obtenir la libération d’un autre otage touche également la ville de Mechtras, daïra de Boghni. Un autre entrepreneur, un marbrier âgé de 71 ans, y a été kidnappé samedi 14 mai par trois hommes armés.

Vendredi 20 mai, la population compte organiser une marche dans la ville pour exiger sa remise en liberté.

Depuis 2005, pas moins de 64 enlèvements touchant essentiellement des industriels, des immigrés ou leurs enfants, ont été enregistrés en Kabylie. Ce phénomène est devenu une véritable industrie qui engrange des milliards.

Actes de banditisme ou rapts organisés par des groupes terroristes affiliés à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), ces enlèvements provoquent la colère des populations autant qu’il fait fuir les entrepreneurs en Kabylie.

De nombreux industriels ont fini par délocaliser leurs business pour ne pas subir le diktat des bandes armées.

C’est que dans cette région très fortement boisée où bandits et terroristes peuvent aisément se mouvoir, le choix est limité : la rançon ou la mort. Bien que les kidnappeurs, souvent très bien renseignés sur leurs victimes et équipés de moyens adéquats (téléphones, armes, voitures..), passent rarement à l’acte fatidique – excepté deux ou trois cas -, les familles préfèrent payer de fortes rançons aux ravisseurs plutôt que de mettre en danger la vie des otages.