Après la pénurie du lait en sachet, cette perturbation s’est étendue au lait en poudre et au lait stérilisé UHT partiellement ou demi écrémé en pack.
Certains commerces de quartier enregistrent occasionnellement des perturbations de ces produits. Une perturbation qui s’est accentuée, selon les commerçants, notamment avec l’afflux des consommateurs, qui faute de trouver du lait en sachet, se rabattent sur ces deux produits.
A ce titre, face à la pénurie du lait en sachet qui sévit depuis bientôt deux mois, nombreux sont les consommateurs, notamment ceux ayant des enfants à charge, se sont vus contraint d’acheter les boîtes de lait en poudre, et pour les plus nantis celui liquide vendu en tetra brique.
Quant à ceux qui n’en ont pas les moyens, ils sont résignés à continuer à attendre et pour certains juste après la prière d’El fadjr, devant les épiceries et autres détaillants dans de longues queues pour pouvoir acheter deux sachets uniquement de ce précieux liquide qu’est le lait. «Allah ghaleb, dira une dame rencontrée dans une épicerie, mes enfants sont encore jeunes, ils ont besoin de prendre du lait quotidiennement.
Comme je ne peux pas venir tôt faire la queue, j’achète du lait en poudre à 270 DA le paquet de 500g pour deux jours. C’est cher mais je n’ai pas le choix»! Pour Karim, un jeune cadre dans une boîte privée, il dira acheter «du lait stérilisé UHT à 75 DA. Je n’ai pas de temps à perdre en faisant la chaîne de bon matin pour un sachet de lait».
C’est là une situation plus que honteuse qui ramène le citoyen algérien des années en arrière, à l’époque des fameux souks el fellah, caractérisée par les interminables files d’attente. Alors que l’Etat ne cesse d’injecter des sommes considérables dans la filière du lait, 7 milliards de subventions en 2009 et 8,5 milliards en 2010, la situation ne semble pas s’améliorer pour autant.
Dans la chaîne de la filière, longtemps on a déclaré que les causes de cette pénurie sont dues à «une mauvaise distribution du produit». Cependant, vu les quantités de poudre de lait importées, il ne saurait être question de ce fait. La principale cause de ce phénomène qui sévit depuis maintenant plus d’un mois est due à la réduction des laiteries de leurs capacités de production. Une manière pour ces dernières de forcer la main à l’ONIL pour récupérer les quantités de poudre initialement données. A souligner dans ce contexte que l’Office avait réduit les quantités de poudre de lait des laiteries car certaines d’entres elles l’utilisaient pour la fabrication d’autres produits dérivés du lait comme le fromage et le yaourt
En outre, face à cet état des lieux, le ministre du Commerce avait annoncé à la radio nationale, il y a quelques semaines, que cette situation n’est qu’un «désagrément temporaire», et qu’à la fin novembre tout rentrerait dans l’ordre.
Tout porte à croire que les prévisions du premier responsable du commerce ne sont pas prêtes de se concrétiser puisque la pénurie persiste et touche encore d’autres sortes de lait que celui en sachet. De plus, les pouvoirs publics ont initié plusieurs mesures incitatives applicables à partir du mois de janvier 2011 afin d’assurer la production nationale à 75% des besoins exprimés.
Aussi, parmi les mesures prévues dans le cadre du nouveau dispositif initié par le ministère de l’Agriculture, le renforcement et la densification du réseau de collecte de lait cru. Ainsi, est-il prévu que toute laiterie qui intègrera du lait cru à raison de plus de 50% de ses capacités de production verra sa prime d’intégration passer à 5 DA par litre intégré dans tous types de lait de consommation.
A cette mesure, s’ajoute celle de porter à 7,5 DA la prime d’intégration de toute laiterie qui utilisera totalement ses capacités pour la production du lait pasteurisé conditionné au prix soutenu de 25 DA avec du lait cru.
Par ailleurs, en ce qui concerne la sécurisation de la disponibilité sur le marché du lait pasteurisé à 25 DA à hauteur de 1,2 milliard de litres par an, le nouveau dispositif prévoit de subventionner le prix de la poudre de lait au profit des unités publiques assurant la fabrication d’au moins 50% du lait pasteurisé conditionné sur le marché national. Dans le même contexte, l’ONIL prévoit pour la même date, une cartographie de la distribution de la poudre de lait. Ainsi, cette dernière sera distribuée aux laiteries selon les besoins de consommation journalière.
En attendant, la mise en application de ces mesures et des résultats escomptés, le citoyen devra donc prendre son mal en patience et continuer à se lever aux aurores pour un sachet de lait, ou bien encore débourser plus pour du lait en poudre ou celui en pack, à condition bien sûr que ces derniers occupent encore les étagères des épiceries et autres superettes.
Par Lynda N. Bourebrab