De nombreux pharmacies et centres sanitaires enregistrent une pénurie de la pilule contraceptive. Un manque qui, selon les pharmaciens, perdure depuis plusieurs mois, provoquant une perturbation inquiétante dans le processus de l’approvisionnement du marché national.
Pour le moment, les pharmaciens puisent dans leur stock, qui n’est pas alimenté depuis plus de six mois. «C’est une pénurie qui dure depuis des mois et à chaque fois que j’introduis ma commande, je reçois quatre à cinq boîtes. Vous vous rendez compte», explique Leila, pharmacienne à El Mouradia, qui ajoute que pour le moment «je suis en train d’écouler mon stock, mais je ne vends pas plus d’une boîte par personne.
Une manière d’arranger tout le monde, jusqu’à ce que cette crise soit absorbée», explique la même intervenante. La pénurie inquiète plus les femmes, particulièrement celles souffrant de maladies chroniques et qui sont obligées de prendre des pilules adaptées, entre autres Microval, Adepal, Abridoma et Microgynon.
Ce manque est lié, selon les laboratoires étrangers spécialisés dans l’importation et la distribution de ce produit, par le retard accusé dans la signature du programme d’importation.
Les deux premiers laboratoires, qui ont accaparé la plus grosse part de ce marché, à savoir Organon et Pfizer, se retrouvent par ailleurs dans une situation très critique. Organon a à cet effet convoqué une réunion d’urgence dans la journée d’hier, afin de débattre ce dossier et plus particulièrement la non-signature par le ministère du programme d’importation.
Le directeur de marketing et de l’information médicale du groupe Saïdal, le Dr Yahia Saâd-Eddine Naïli a affirmé, pour sa part, que tout rentrera dans l’ordre bientôt, puisque le programme en question vient d’être signé récemment par le ministre de la Santé. Sans donner de date précise quant à la signature du programme en question, il a fait savoir que son groupe a mis sur le marché une quantité importante des deux pilules contraceptives (Diane 35 et Microgynon), produites à l’issue d’un partenariat conclu avec deux laboratoires étrangers.
L’Unop responsabilise le ministère
Contacté par le Temps d’Algérie hier, M. Amar Ziad, président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop) rejoint les deux premiers avis et confirme que la pénurie est causée par le retard enregistré dans la signature du document en question, ajoutant que l’absence de dialogue entre les importateurs de médicaments et la tutelle est également un autre motif à cette situation.
Il a estimé que cela va engendrer une hausse considérable du taux de natalité. Il regrette, toutefois, que le programme de fabrication annoncé par le groupe Saïdal ne soit pas réalisé. Il explique ce retard par la nécessité de mettre en place un gros investissement et de grandes installations.
Un processus de contrôle pour assurer un bon approvisionnement
Selon une source proche de la santé, l’importation a été «bloquée» momentanément à cause d’un nouveau processus de contrôle, initié par le département de Ould Abbès, et ce, dans le but de vérifier que «le programme d’importation est conforme à la réglementation en vigueur d’une part, et que les importateurs sont capables de couvrir les besoins du marché, d’autre part.
Cette initiative a pour objectif, selon la même source «d’assurer un approvisionnement régulier du marché sur une période de 12 mois». Cette situation, explique la source, «correspond à une nouvelle réorganisation du ministère de la Santé qui vise à assainir le fichier des importateurs nationaux, ce qui permet d’éliminer tous les faux importateurs et ceux qui parasitent le marché».
Elle précise que cette nouvelle procédure «légitime» a entraîné un retard dans la signature du programme et une perturbation de l’approvisionnement du marché, entre autres les contraceptifs. La même source rappelle, à titre informatif, que les stocks comptent un lot conséquent qui peut couvrir les besoins momentanément, en attendant la nouvelle importation.
Et d’ajouter, que d’autres moyens contraceptifs existent, aussi efficaces que la pilule. Même si la pilule est considérée comme l’une des formes les plus efficaces de prévention de la grossesse, avec environ 99% d’efficacité lorsqu’elle est utilisée correctement, la contraception d’urgence et les préservatifs peuvent prévenir la grossesse non désirée dans 98% des cas lorsqu’ils sont utilisés correctement, selon les études cliniques.
Par Samira Azzegag