La pénurie de gaz persiste,Le torchon brûle entre Naftal et les remplisseurs privés

La pénurie de gaz persiste,Le torchon brûle entre Naftal et les remplisseurs privés

La fermeture des centres remplisseurs “met 4 000 personnes en arrêt de travail et sans salaire”, déplore le président de l’Association du gaz et des produites pétroliers.

“Naftal nous pousse à la faillite pour avoir la mainmise sur la distribution du gaz butane en Algérie”, a dénoncé Nasser Ziani, président de l’Association du gaz et des produits pétroliers (AGPP), lors d’un point de presse tenu, hier, à la Maison de la presse, à Alger. Selon le président de l’association, Naftal a déclaré la “guerre” aux remplisseurs privés de gaz en bouteille depuis le mois de décembre dernier.

“Le 31 décembre, Naftal nous a ordonné de fermer nos entreprises, et ce, sans raison et sans préavis”, relate M. Ziani. Il ajoute qu’“en 1997, l’État nous a donné les agréments pour investir dans le secteur de l’énergie au même titre que Naftal. Et aujourd’hui, cette dernière décide de nous mettre sous sa tutelle”. M. Ziani affirme que “Naftal a décidé de ne plus renouveler les contrats de location des bouteilles de gaz butane”. “Naftal est maintenant juge et partie. L’entreprise commence par remplir ses propres camions et nous laisse en dernier. Il nous arrive d’attendre toute la journée pour avoir du gaz. C’est du sabotage”, dénonce-t-il.

Les conférenciers confient qu’ils ne sont pas les seules “victimes” de cette situation car, selon eux, les particuliers souffrent aussi de “l’excès de zèle de Naftal”. “Quand un particulier part avec des bouteilles qui n’appartiennent pas à Naftal, cette dernière refuse de l’approvisionner en gaz”, fait savoir le président de l’AGPP.

D’après le président de l’association, quand la crise du gaz est apparue en février dernier, après la vague de froid qui a frappé le pays, Naftal les a, à nouveau, sollicités pour lui prêter main forte. M. Ziani fait savoir que depuis 21 jours l’entreprise publique a, de nouveau, obligé les remplisseurs privés à fermer boutique. “Durant la période de froid, Naftal a fait appel à nous pour l’aider à résorber la crise du gaz. Mais cela ne s’est pas fait sans condition. Les représentants de Naftal nous ont conviés à une rencontre en fin de soirée et nous ont soumis à un chantage. Naftal nous a demandé de signer un document de processing pour nous permettre de rouvrir nos entreprises”, relate le président de l’AGPP.

Ce sont 11 des 14 remplisseurs qui se trouvent ainsi en “chômage technique”. “Notre fermeture met 4 000 personnes en arrêt de travail et sans salaire. Le chiffre concerne les emplois directs seulement”, précise M. Ziani, auxquels il faut ajouter “les distributeurs, sans oublier les propriétaires de poulaillers qui ont perdu leurs poussins”, fait remarquer le conférencier.

“L’État nous octroie un bénéfice de 120 DA sur la bouteille de gaz. Depuis que nous sommes sous la coupe de Naftal, cette dernière a décidé de prélever 50% de la somme. L’entreprise prend 60 DA du montant brut et nous, nous avons 60 DA du montant net”, souligne-t-il. “Avec les charges, les impôts et les redevances à la banque, nous nous retrouvons déficitaires”, déplore encore le président de l’association.

Le président revient sur la genèse de l’affaire en rapportant qu’au départ un des trois remplisseurs, toujours en activité, est parti négocier seul avec le ministère de l’Énergie et des Mines et a proposé de passer sous la tutelle de Naftal au lieu de remplir chez Sonatrach. “Cette situation arrange les professionnels de la contrebande qui travaillent à l’ouest du pays”, dénonce-t-il.

D S