DĂ©sormais, les quotas de pĂȘche au thon rouge pour les navires battant pavillon national exerçant dans les eaux sous juridiction nationale sont fixĂ©s par un arrĂȘtĂ© ministĂ©riel, publiĂ© au JO no 26. Le MRPH pense, ainsi, mettre fin au trafic.
AprĂšs lâexclusion des exploitants Ă©trangers de la pĂȘche au thon rouge, le gouvernement durcit les mesures pour les exploitants locaux. Le quota algĂ©rien est fixĂ© Ă hauteur de 1500 tonnes, sur les 32 000 tonnes autorisĂ©es en MĂ©diterranĂ©e.
La question qui prĂȘte Ă discussions : Est-ce que les armateurs locaux ont les capacitĂ©s et les Ă©quipements idoines pour arriver Ă pĂȘcher cette quantitĂ© ? NaguĂšre, le cinquiĂšme (20%) de ce quota de 1500 tonnes Ă©tait cĂ©dĂ© par lâAlgĂ©rie Ă des armateurs japonais.
DâaprĂšs un responsable auprĂšs du ministĂšre de la PĂȘche et des Ressources halieutiques (MPRH), les quantitĂ©s de thon pĂȘchĂ© en AlgĂ©rie sont Ă raison de 60% par des navires sous pavillon national et 40% par des navires Ă©trangers, auxquels il dĂ©livre une licence en contrepartie dâune taxe versĂ©e au TrĂ©sor public.
500 000 DA par navire dĂ©clarĂ© et 150 000 DA la tonne pĂȘchĂ©e (150 DA/kg). Sur les 1500 t, 500 Ă 600 sont rĂ©guliĂšrement cĂ©dĂ©es Ă des Japonais ou des CorĂ©ens. Ce qui rapporte au TrĂ©sor algĂ©rien quelque la bagatelle de 120 millions de dinars. En revanche, on nâarrive pas Ă savoir ce que deviennent les 1000 t qui manquent. Soit 1 milliard de dinars au bas mot de 2002 Ă 2005.
Cette quantitĂ© est cĂ©dĂ©e Ă des armateurs Ă©trangers en mer de façon informelle, affirme un raĂŻs de la PĂȘcherie dâOran. Dans le milieu des pĂȘcheurs locaux, on apprendra que «ces mesures sont certes patriotiques, mais lâAlgĂ©rie nâa pas les capacitĂ©s de pĂȘcher tout son quota ».
Et dâajouter : « les chalutiers et sardiniers poussifs reconvertis, maquillĂ©s en thoniers ou ces navires certes flambant neufs, mais dĂ©jĂ en panne, encombrent dĂ©jĂ les ports et font piĂštre figure ». Jadis, les bateaux asiatiques (japonais ou corĂ©ens), sont de dernier cri et garnis dâĂ©quipements Ă©lectroniques de pointe.
Ils sont aussi guidĂ©s vers les bancs par des satellites et des avions de reconnaissance et qui dĂ©terminent la rentabilitĂ© du banc de poissons, avant mĂȘme la prise, en calculant le temps pour le pĂȘcher et le traiter, la surface et la tempĂ©rature de stockage.
Ces Asiatiques, avec toute leur expĂ©rience sĂ©culaire dans le domaine, dĂ©clarent 12 bateaux de ce type pour les 600 tonnes qui leur sont accordĂ©es. Ceci dit, Comment la flottille algĂ©rienne pourrait arriver Ă pĂȘcher les 1500 tonnes ? Et, prĂ©cisent nos interlocuteurs, avec quels Ă©quipages ?
Lâaffaire des 410 tonnes de Annaba a motivĂ© la dĂ©cision du MPRH
Lâaffaire du bateau de pĂȘche turc, interceptĂ© dans nos eaux territoriales, au large de Annaba, lâannĂ©e derniĂšre, avec une cargaison de thon rouge, estimĂ©e Ă 410 t.
MĂȘme si le navire a Ă©tĂ© enregistrĂ© auprĂšs de lâIccat (Commission internationale pour la conservation des thonidĂ©s de lâatlantique), pour pĂȘcher une part du quota du thon algĂ©rien, alors quâils nâĂ©taient mĂȘme pas immatriculĂ©s. Cette affaire a motivĂ© le ministĂšre de la PĂȘche et des Ressources halieutiques de procĂ©der Ă des rĂ©formes draconiennes du secteur.
«A partir de cette annĂ©e (2010), les exploitants Ă©trangers nâont pas le droit de participer Ă la campagne de pĂȘche commerciale du thon rouge dans les eaux sous juridiction algĂ©rienne», indique-t-on au ministĂšre, en prĂ©cisant que «cette exploitation sera rĂ©servĂ©e uniquement aux thoniers nationaux». Ces derniers sont dorĂ©navant soumis Ă une batterie de mesures, mises en place pour obvier au trafic qui caractĂ©rise cette pĂȘche.
Cette arrĂȘtĂ© signĂ© par le ministre du secteur, Smail Mimoun stipule lâinstitution «de quotas de pĂȘche au thon rouge pour les navires battant pavillon national », et, «tout armateur dĂ©sirant bĂ©nĂ©ficier dâun quota dans les eaux nationales doit fournir un dossier complet sur notamment « le type de pĂȘche ciblĂ©e : pĂȘche au thon mort ou pĂȘche au thon vivant ».
Dans le mĂȘme dossier de demande doit figurer «le procĂšs verbal de visite dâinspection de la commission locale dâinspection de la navigation et du travail maritime attestant que le navire est apte a la navigation a la pĂȘche a laquelle il est destine et que le matĂ©riel et les Ă©quipements de pĂȘche destinĂ©s a la pĂȘche au thon rouge sont conformes».
Une clause Ă©voque les pĂ©riodes durant lesquelles la pĂȘche est strictement interdite : « pour les palangriers de plus de 24 mĂštres du 1 juin au 31 dĂ©cembre. Pour les senneurs du 15 juin au 15 mai. » Pour « le quota maximum autorise Ă ĂȘtre prĂ©levĂ© par navire, il correspond au poids brut du thon rouge pĂȘché».
Le mĂȘme dĂ©cret stipule, dans son volet «du suivi et du contrĂŽle», que «les navires de capture autorisĂ©s Ă participer Ă la campagne de pĂȘche au thon rouge ainsi que les remorqueurs doivent ĂȘtre Ă©quipĂ©s dâune balise de dĂ©tection». Le ministĂšre rĂ©itĂšre aussi lâexclusion totale des exploitants Ă©trangers : « les opĂ©rations de pĂȘche conjointe au thon rouge avec des navires battant pavillon Ă©tranger dans les eaux sous juridiction nationale sont interdites».
A lâissue des opĂ©rations de prĂ©lĂšvement du quota allouĂ©, et dans le cas oĂč lâarmateur satisfait Ă lâensemble des exigences rĂ©glementaires, techniques et administratives y affĂ©rentes, un document de capture de thon rouge ICCAT (BCD) lui est dĂ©livrĂ© Ă des fins dâexportation.
InterrogĂ©s sur le rĂŽle de ce nouveau «code de la pĂȘche au thon», des pĂȘcheurs oranais ont dĂ©clarĂ© que « ces dĂ©cisions sont patriotiques et vouĂ©es de bonnes intentions ». Toutefois, nos interlocuteurs prĂ©viennent contre ce quâils appellent «la lourdeur bureaucratique» qui affectera les demandes car la pĂȘche du thon rouge est cernĂ©e dans le temps. Tout retard survenu dans le traitement des dossiers affectera sĂ©rieusement les armateurs algĂ©riens ».
Benachour Med