Depuis le mois de Février et à la suite des révoltes dans les pays arabes, les collectifs autonomes fleurissent de partout : chez les chômeurs, les étudiants, les jeunes facebookers, les contractuels, les médecins résidant, et depuis peu les journalistes.
Restés quelque peu en marge de cette onde revendicatrice pour les libertés individuelles, collectives, pour un État de droit, pour la liberté et la démocratie, les journalistes Algériens en dehors de leurs écrits ne faisaient pas entendre leur voix.
Ces derniers temps, les journalistes semblent vouloir à leur tout briser « leur mur de la peur », dépasser les clivages idéologiques, linguistiques et sociaux pour enfin évoquer ce qui aujourd’hui, à leurs yeux, doit être revendiqué et débattu ouvertement. Et là encore “c’est sous la forme de comité ,de collectif autonome que les journalistes Algériens entendent se positionner”, dixit feu le syndicat SNJ qui n’a plus d’existence réelle depuis près de 10 ans, n’apparaissant que par le biais de communiqués sporadiques, œuvre d’une seule personne ou surtout par les largesses que certains s’octroyaient encore récemment avec des voyages organisés à l’étranger sous couvert de rencontre et de colloques.
Le mouvement de revendication étant déclenché par des journalistes du secteurs public, notamment ceux de la radio et de l’ENTV, les journalistes du secteur privé se mobilisent à leur tour et acceptent enfin leurs habits de « simple salariés », qu’ils sont. Ces derniers veulent parler de leur statut, de leurs droits professionnels, de la mise en place de conventions collectives, mais surtout ils revendiquent le respect de la dignité à l’instar du reste de la population Algérienne.
Les enjeux de la liberté de la presse, de la liberté d’expression sont très présents dans les discours de ces journalistes qui aspirent aussi à pouvoir exercer leur métier sans entraves aucunes où encore en remettre l’exigence de l’éthique de la profession dans à sa place centrale.
Au début du mois de Mars, il s’est trouvé un collectif de journalistes à Oran qui plus que les autres ont su publiquement évoquer l’étendue des dégâts dans cette profession.
En effet, il faut leur reconnaitre ce courage d’avoir dénoncé dans un communiqué l’existence au sein de leur profession de pratique répugnante faite de « baltaguia et d’indics ». Pour rappel, 10 d’entre eux avaient été arrêtés sous les indications d’un autre journaliste local, alors qu’ils exerçaient leur métier. Si à Oran cette situation a été évoquée ouvertement, il ne faudrait pas croire qu’il s’agit en la matière d’une exception, tous les journalistes quelques soient le cadre de leur travail, et dans toute les rédactions, savent que ces pseudos journalistes, mais de vraies taupes existent.
Des appels sont lancés pour aller vers une structuration des journalistes autour de principes forts et pour que les journalistes agressés, menacés, sanctionnés abusivement, exploités n’aient plus à rester seuls enfermés dans le silence.
Une jeune journaliste disait récemment à Oran lors d’un premier rassemblement de la profession : ” Je passe mon temps à évoquer dans mes articles le combat de mes concitoyens qui revendiquent leur droits socioprofessionnels et qui veulent plus de liberté et je me rends compte que je suis dans la même situation, mais que je n’ai pas où parler où revendiquer. Ce n’est pas mon patron qui refuse de m’assurer qui va m’offrir une tribune !… »
Moulay Fayçal