L’Assemblée générale des Nations unies a adopté, cette nuit, une résolution faisant de la Palestine un État observateur non-membre de l’Onu par 138 voix contre 9 et 41 abstentions.
Un peu plus tôt, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait déclaré devant l’Assemblée des Nations unies, à New York, que l’ONU devait par ce vote délivrer “le certificat de naissance de la Palestine”.
Conséquences…
En Cisjordanie :
Rien de nouveau à attendre ce vendredi matin, pour les 2,5 millions de Palestiniens de Cisjordanie : les check points de l’armée israélienne et les routes réservées aux colons juifs restent inscrits dans le paysage.
Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a ailleurs prévenu, hier, que ce vote ne « changerait rien sur le terrain ». Israël a aussi fait savoir qu’il n’annulerait aucun accord avec les Palestiniens, en particulier ceux d’Oslo. Manière de traiter l’événement… comme un non-événement.
A Gaza :
Mahmoud Abbas a marqué un point dans son face à face avec le Hamas, qui contrôle seul la bande de Gaza depuis 2007. La semaine dernière, le dirigeant islamiste Mahmoud al-Zahar avait sommé le Président palestinien de renoncer à sa démarche à l’Onu alors que le responsable du Hams Khaled Mechaal a lui accordé son soutien à Abbas.
Aujourd’hui, le Hamas a dû laisser des milliers de Palestiniens manifester leur joie dans les rues de Gaza. Selon l’agence palestinienne Ma’an, Abbas se rendra bientôt à Gaza.
Sur le front diplomatique :
L’initiative d’Abbas a-t-elle éloigné la perspective de la paix, comme l’ont affirmé en chœur Benyamin Netanyahou et la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton ?
Les Palestiniens – ce que redoutaient Israël et les États-Unis – disposent désormais d’un véritable moyen de pression. Le statut d’État leur ouvre, en théorie, les portes de la Cour pénale internationale. Ils pourraient la saisir pour crimes de guerre, en invoquant les déplacements forcés de population – notamment à Jérusalem-est – ou les 1400 victimes, surtout civiles, de l’opération Plomb durci (2009) à Gaza.
Un échec diplomatique pour Obama : selon les Etats-Unis, l’admission des Etats-Unis de la Palestine à l’Onu devait découler d’un accord de paix négocié avec Israël.
À l’Onu :
Les Nations unies pourraient être mécaniquement « punies ». Le vote d’hier permet à la Palestine de rejoindre les différentes agences de l’Onu (FAO, Unicef, Pnud…).
Or, des lois votées en 1990 et 1994 par le Congrès américain et promulguées par George Bush père et Bill Clinton, interdisent à Washington de financer des agences de l’Onu qui reconnaîtraient la Palestine en tant qu’État.
Il y a un précédent : l’Unesco a payé cash l’admission de la Palestine, il y a un an, en perdant la contribution américaine, soit 22 % de son budget.