La Palestine, 149e membre de l’ONU ? Abbas remet la demande d’adhésion

La Palestine, 149e membre de l’ONU ? Abbas remet la demande d’adhésion
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Le moment historique des Palestiniens est passé. Vendredi, du haut de la tribune des Nations unies, le président palestinien Mahmoud Abbas a remis à Ban Ki-moon une demande officielle d’adhésion à part entière de la Palestine comme Etat membre de l’Onu avant de s’adresser à l’Assemblée générale.

Le secrétaire général de l’Onu a transmis en début de soirée cette demande d’adhésion, a annoncé un porte-parole onusien, Farhan Haq. Ban Ki-moon «a transmis la demande palestinienne à la mission du Liban», qui assure ce mois-ci la présidence tournante du Conseil, a dit Farhan Haq à la presse. Le Conseil de sécurité se réunira, demain après-midi, pour une première séance de consultations, a annoncé à la presse l’ambassadeur du Liban, Nawaf Salam. Ce dernier a précisé qu’il avait transmis la demande palestinienne aux 14 autres Etats membres du Conseil.

Les Palestiniens comptent obtenir les 9 voix sur 15 nécessaires au Conseil pour valider une demande d’adhésion, ce qui forcerait Washington à recourir au veto. Les Etats-Unis ont averti qu’ils opposeraient leur veto au Conseil de sécurité, si nécessaire, à la demande d’adhésion de l’Etat de Palestine et ont rejeté la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU, affirmant que cela constituerait un « raccourci » dans le processus des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a déclaré qu’il n’existait pas de « raccourci » pour parvenir à la paix au Proche-Orient, rejetant à la tribune de l’ONU à New York la démarche des Palestiniens pour y obtenir la reconnaissance de leur Etat. « Il y a un an, j’ai souhaité une Palestine indépendante à cette tribune », a reconnu M. Obama. « Je croyais, et je le crois toujours, que les Palestiniens méritent leur propre Etat. Mais j’ai aussi dit qu’une paix véritable ne peut être obtenue qu’entre les Israéliens et les Palestiniens eux-mêmes », a-t-il affirmé. « Un an plus tard, malgré des efforts intenses des Etats-Unis et d’autres (pays), les parties n’ont pas résolu leurs désaccords.»

Vers un Etat non membre

LG Algérie

«Face à cette impasse, j’ai proposé une nouvelle base de négociations en mai », a rappelé M. Obama. Il avait alors souligné que les frontières d’un futur Etat palestinien devraient prendre pour base les lignes d’armistice de 1967, « avec des échanges (de territoires) sur lesquels les deux parties seraient d’accord ». « Cette base est claire et nette, et tout le monde la connaît ici. Les Israéliens doivent être assurés que tout accord prendra en compte leur sécurité. Les Palestiniens méritent de connaître les bases territoriales de leur Etat », a remarqué le Président des Etats-Unis. Cependant le vote ne devrait pas intervenir à l’ONU avant plusieurs semaines, mais les Palestiniens se sont dits prêts à attendre que le Conseil statue avant d’étudier des alternatives. La demande d’adhésion palestinienne à l’Onu sera « rapidement » examinée et transmise au Conseil de sécurité, assure le porte-parole des Nations unies Martin Nesirky. « Après réception de la lettre, la procédure appropriée d’examen sera suivie rapidement au secrétariat (de l’Onu) et elle sera ensuite transmise au président du Conseil de sécurité et au président de l’Assemblée générale », a dit Martin Nesirky lors d’un point de presse. Après son discours, le président Abbas devrait rentrer à Ramallah pour étudier les options des Palestiniens, lors d’une réunion avec la direction palestinienne, notamment l’initiative présentée par le président Nicolas Sarkozy.

Lors de son discours à l’ouverture de la 66e Assemblée générale des Nations unies, mercredi dernier, Nicolas Sarkozy a soutenu une position de compromis pour les Palestiniens qui souhaitent que leur Etat soit reconnu par l’Onu : un statut d’ »observateur », dit-il, en fait d’ »Etat non membre » si on emploie le vocabulaire approprié. Cette position, qui correspond au « plan B » des Palestiniens et très certainement à ce qui va leur être octroyé. L’Etat non membre (comme le Vatican) ne permet pas de voter sur les résolutions de l’ONU mais permet d’adhérer à toutes les organisations, agences et Cours de justice des Nations unies et, donc, à la Cour pénale internationale. L’agitation ne s’arrête pas aux seuls Etats-Unis et Nicolas Sarkozy pour venir au secours des Israéliens.

Le réveil du Quartette

Après des mois de silence, le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Russie, UE) a mis moins de quatre heures pour réagir à la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU, avec une offre détaillée de reprise du dialogue. Le Quartette s’est empressé de fournir un calendrier de négociation, et de fixer l’objectif d’un accord final au plus tard à la fin de 2012. « Le président Abbas a présenté sa lettre, il est impératif d’en prendre note et d’offrir des idées en réponse. Nous devons retourner à l’essentiel, qui est de trouver le moyen de faire repartir les négociations.» Cette approche « simple », selon le mot de plusieurs membres du groupe, consiste avant tout en un calendrier. Israéliens et Palestiniens se rencontreraient une première fois dans un mois pour établir « un calendrier et une méthode de négociations ». L’engagement d’aboutir à un accord définitif fin 2012 « au plus tard » serait pris lors de cette même réunion « préparatoire ». Les parties présenteraient ensuite « des propositions complètes d’ici trois mois » sur la sécurité et la question des frontières, et s’engageraient à « des progrès substantiels en six mois ». La déclaration est peu détaillée sur le fond. Elle se réfère au discours de Barack Obama en mai, dans lequel le Président américain propose de négocier sur la base des frontières d’avant la guerre israélo-palestinienne de 1967, avec des échanges de territoire acceptés par les deux parties afin de tenir compte des évolutions depuis. Mais le Quartette n’aborde pas, par exemple, la question épineuse des colonies juives ni la demande d’Israël d’être considéré comme l’Etat-nation du peuple juif. Vendredi, les Palestiniens ont appelé Israël à « saisir l’occasion offerte par le Quartette », présentant, toutefois, des conditions. « Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités (…) mais Israël doit prendre les siennes et arrêter la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est », a déclaré à l’AFP le négociateur Saëb Erakat. « Nous sommes en train d’étudier la déclaration » du Quartette, a déclaré de son côté à l’AFP un haut responsable israélien. Après avoir agité ces dernières semaines la menace d’un veto américain — qui reste d’actualité — contre la démarche des Palestiniens à l’Onu, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a appelé les deux ennemis à saisir la main tendue par le Quartette, et à « tirer profit de cette opportunité de retourner au dialogue ». Autant dire que la demande d’adhésion à l’ONU présentée par Mahmoud Abbas est le signe du lancement de véritables négociations entre les Palestiniens et Israéliens. La candidature de la Palestine à l’ONU a mis au pied du mur les soutiens inconditionnels de l’Etat hébreu qui ne peuvent plus user d’atermoiements pour se déterminer.

Par : sadek belhocine