La nouvelle Jaguar XJ

La nouvelle Jaguar XJ

Le silence. La nouvelle Jaguar XJ n’a suscité aucun applaudissement de la part des happy few secrètement conviés à sa première sortie dans les jardins d’un discret manoir des environs de Londres.

Mauvais présage ? Non : plutôt une marque d’étonnement face à ce qui défilait sur quatre roues lors de ce pluvieux après-midi de juin.

Et, peut-être aussi, l’expression d’un dernier témoignage de respect, de ceux que l’on porte à une vieille souveraine sur le point de nous quitter.

Car c’en est cette fois bel et bien terminé de la célèbre carrosserie tricorps et aplatie de la précédente XJ, née en 1968, que Jaguar avait inlassablement remise sur le métier sans jamais oser la condamner.

«Il faut l’admettre : ces lignes avaient terriblement vieilli. Une rupture esthétique était indispensable », confie Ian Callum, le directeur du design de Jaguar.

«Nous jouons gros» , estime pour sa part Mike O’Driscoll, le patron de Jaguar, qui connaît le classicisme de la clientèle des grandes berlines de luxe.

Cette silhouette à deux volumes constitue un vrai défi. Elle s’inscrit naturellement dans le renouveau stylistique entrepris sous la houlette de Ian Callum et de ses équipes.

La New XJ s’intègre en effet visuellement à merveille entre un coupé XKR et une berline XF, toutes les deux dessinées par ce team.

La surprise passée, le coup de crayon se révèle à l’examen plus riche et subtil qu’il n’en a l’air au premier regard.

Comme sa devancière, la nouvelle XJ donne indéniablement l’impression d’une puissance contenue.

Solidement campée sur de larges voies, elle possède toujours une haute ceinture de caisse et d’importants panneaux tôlés.

Sa ligne de toit, légèrement bombée et largement vitrée, s’enfuit naturellement vers l’arrière pour finir à l’ouverture du coffre, car le nouveau vaisseau amiral de Jaguar n’a pas été jusqu’à se doter d’un hayon.

La malle est encadrée par deux feux verticaux que l’on pourrait croire empruntés à une Lancia Thesis.

À la différence de la grande italienne, point de baroque dans ces formes.

«Le baroque débute là où commence le frivole», tranche Ian Callum.

À l’avant, le capot nervuré s’inscrit dans la tendance actuelle, tandis que la calandre nid d’abeilles reprend un graphisme cher à Coventry.

Les phares se terminent en finesse à quelques centimètres du passage de roues.

On retrouve à l’intérieur l’ambiance chaleureuse d’un salon anglais.

«Le cuir et le bois font partie de notre tradition. Et du bois, il y en a plus dans la New XJ que dans sa devancière. En surface, nous serions plus proches d’une ancienne Mark 10», estime Ian Callum.

Tout l’habitacle est même ceinturé de bois, ce qui renforce l’impression de cocon.

L’habitabilité n’a jamais été le point fort des Jaguar.

Elle est ici en progression : une stature de 1,90 m se loge correctement à l’arrière.

Un volant avec de nombreuses fonctions

On retrouve quelques éléments déjà aperçus sur la XF, tels le levier de vitesses rotatif surgissant de la console centrale ou la boîte à gants à ouverture par effleurement.

Les ouïes d’aération pivotant électriquement n’ont cependant pas été reprises de la cadette.

La capacité du coffre gagne 60 litres (520 litres) par rapport à la précédente XJ.

Le volant, très évidé, assure de nombreuses fonctions.

Le tableau de bord fait appel à un écran haute définition comportant des ­instruments ­virtuels.

À l’instar des glass cockpits équipant les avions de lignes, il permet d’afficher à la demande une multitude d’informations.

Grâce à une technologie « double vision », le conducteur peut consulter son GPS sur l’écran central tandis que son passager regarde un film.

La large console avant, où les commandes sont entourées de laque «piano», ­abrite un système multimédia Bowers & Wilkins.

La ­version la plus performante dispose de 20 haut-parleurs alimentés par 15 canaux. Sa capacité à restituer toutes les musiques nous a étonnés.

Du point de vue des motorisations, on retrouve l’excellent diesel de 275 ch ainsi que les deux 5-litres essence (atmosphérique et compressé) déjà montés sur la XKR. Jaguar insiste sur les qualités dynamiques de sa XJ. Reste à savoir si ses nouveaux habits inciteront à découvrir l’ensemble de ses charmes. Réponse dans quelques mois.

L’essentiel

XJ V6 3,0 L Diesel S : 6 cyl. diesel 2 993 cm3, 275 ch à 4 000 tr/min. (91, 9 ch/l), 600 Nm à 2 000 tr/min., 0 à 100 km/h en 6,4 sec., limitée à 250 km/h, consommation : 7 l (184 g/CO2) poids : 1796 kg (6, 5 kg/ch).

XJ V8 5,0 L : 8 cyl. essence 5 000 cm3, 385 ch à 6 500 tr/min. (77 ch/l), 515 Nm à 3 500 tr/min., 0 à 100 km/h en 5, 7 sec., limitée à 250 km/h, consommation : 11, 4 l (269 g/CO2), poids : 1755 kg (4, 5 kg/ch).

XJ V8 5,0 L Suralimenté : 8 cyl.essence 5 000 cm3, 510 ch à 6 000-6 5000/tr/min. (102 ch/l), 625 Nm à 2 500-5 500 tr/min., 0 à 100 km/h en 4, 9 sec., limitée à 250 km/h, consommation : 12,1 l (289 g/CO2), poids : 1 892 kg (3,7 kg/ch).

Caractéristiques communes : dimensions : 5122 × 1894 ×1448 mm, empattement : 3 032 mm, volume du coffre : 520 l, diamètre de braquage : 12, 3 m, boîte automatique à 6 rapports, CX : 0,29, capacité du réservoir : 82 l.

Prix : à partir de 78000 €.