Après des années de controverse et de difficultés, les musulmans de Strasbourg doivent prendre possession, demain lundi, de leur nouvelle mosquée, qui entend souligner la « visibilité de l’islam dans la société française ».
« C’est un grand jour, nous sommes très heureux. Le fait que cette ouverture coïncide avec le début du mois sacré, c’est formidable », se réjouit Saïd Aalla, président de l’association qui a porté le projet de la nouvelle Grande mosquée de Strasbourg. « Notre communauté avait besoin d’un lieu symbolique, visible, qui renforce pour les musulmans le sentiment d’être acceptés par la société », ajoute-t-il.
La communauté musulmane, forte de 40 000 à 60 000 personnes dans l’agglomération de Strasbourg (8 % à 12 % de sa population), disposait jusqu’à présent de plusieurs salles de prière, la plupart assez discrètes, mais la septième ville de France n’avait pas de mosquée d’envergure.
L’idée d’une grande mosquée dans la capitale alsacienne a été évoquée dès le début des années 1990. Depuis, « on a eu beaucoup de difficultés financières et politiques, mais heureusement, c’est derrière nous, nous voyons le bout du tunnel », se réjouit Fouad Douai, gérant de la SCI « Grande mosquée de Strasbourg ».
La première grande prière doit avoir lieu pour le premier jour du ramadhan. Une foule nombreuse devrait affluer en soirée, à l’heure de la rupture du jeûne. « C’est un moment très attendu. Beaucoup de fidèles ont pris leurs vacances dans leur pays d’origine en juillet, car ils ne voulaient pas rater le ramadhan en août dans la nouvelle mosquée », souligne M. Aalla.
Implanté à moins de 2 km de la cathédrale, au bord de l’Ill, le nouveau lieu de culte peut accueillir 1500 fidèles — en majorité d’origine maghrébine, car les Turcs strasbourgeois disposent d’une autre mosquée, installée dans un ancien bâtiment industriel.
La nouvelle Grande mosquée a été conçue par l’architecte italien Paolo Portoghesi, déjà auteur de la mosquée de Rome, la plus grande d’Europe. Elle est surmontée d’un imposant dôme de cuivre de 16 mètres de diamètre, entouré d’éperons ornés de croissants, mais n’a pas de minaret. Cet élément avait été retiré du projet à l’époque où la municipalité de Strasbourg était gérée par la droite (2001-2008). Les porteurs du projet espèrent en faire construire un à moyen terme, le maire actuel, le socialiste Roland Ries, n’y étant pas opposé. « L’islam doit avoir pignon sur rue et s’inviter à la table de la République », a déclaré M. Ries vendredi, dans un communiqué.
À l’intérieur de la grande salle de prière, aucun pilier ne vient gêner la visibilité des fidèles, grâce à un système de câbles porteurs. Avec ses locaux administratifs et techniques et ses salles d’ablution, l’ensemble a coûté 8,7 millions d’euros, dont un quart financé par les collectivités locales (qui peuvent le faire grâce aux spécificités du droit local). Le reste est pris en charge par la communauté musulmane locale et par des pays étrangers, notamment le Maroc, l’Arabie saoudite et le Koweït.
Une moquette provisoire a été installée, des plafonds restent à peindre et les mosaïques marocaines qui doivent orner les murs intérieurs n’arriveront qu’à l’automne. C’est seulement lorsque les finitions seront achevées que la Grande mosquée de Strasbourg sera solennellement inaugurée, en principe en novembre.
Dans les années à venir, ses gérants rêvent de lui adjoindre un centre culturel, une bibliothèque et un salon de thé, « pour que l’édifice soit complet, et que tous les Strasbourgeois — musulmans ou non — puissent se l’approprier ».(source l’Alsace.fr)