Des historiens, invités à prendre part au colloque international sur Messali Hadj, organisé samedi et dimanche à Tlemcen, ont été unanimes à souligner la nécessité d’une écriture « scientifique » de l’histoire, considérant que cette tâche est une œuvre de « longue haleine » et « permanente ». Benjamin Stora, auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire du mouvement national algérien et l’un des spécialistes de Messali Hadj, a estimé, dans une déclaration à l’APS, que « l’histoire est un chantier en permanence inachevé.
Il n’y a pas d’histoire définitive. Elle est tout le temps en train de s’écrire car il y a toujours des choses nouvelles à découvrir, des zones d’ombre à éclairer et de nouvelles archives à ouvrir et à étudier ».
Le chercheur français a expliqué qu’il est difficile pour un historien d’adopter dans son travail une démarche dépassionnée « car l’histoire a toujours été un objet de passion ». « Pour aborder des processus historiques qui font appel à des ruptures par la violence, il y a des groupes de mémoires qui rentrent en conflit, qui s’opposent sur l’évènement lui-même, qui contestent, qui se querellent. Toutes ces attitudes sont normales car l’histoire ne s’écrit pas souvent de manière pacifique », a-t-il précisé.
Benjamin Stora a considéré que le plus important est de poursuivre ce travail de longue haleine qu’est l’écriture. « Le travail historique est d’écrire à chaque fois de nouvelles pages. C’est un travail compliqué car dans cette tâche s’interfèrent les témoignages des acteurs, les trajectoires individuelles, les tragédies personnelles, familiales ou collectives. Tous ces éléments ne peuvent être effacés » a-t-il déclaré.
Pour lui, le travail de l’historien consiste à « relever » des faits historiques, non pas en les opposant les uns aux autres mais en les vérifiant d’une manière scrupuleuse. « Il y a toujours des choses à dire. De nouveaux faits à découvrir et à révéler », a-t-il estimé.
Mohamed Harbi, auteur prolifique sur l’histoire de la révolution de novembre 1954 et du mouvement nationaliste, a posé, de son côté, les problèmes que rencontrent les historiens dans leurs recherches. « Nos chercheurs n’ont pas les moyens de travailler », a-t-il indiqué, en relevant notamment la difficulté pour le chercheur « d’accéder aux sources et aux archives ».
Il a estimé que « des solutions doivent être prises pour régler ce problème d’accès aux sources dont souffrent les chercheurs et universitaires nationaux ».
Tout comme son confrère français, Mohamed Harbi a considéré que les champs d’investigation et de recherche en matière de l’histoire du mouvement national sont immenses et des volets non négligeables restent à explorer. « Seulement, pour mener à bien ces travaux, ils faut que les archives s’ouvrent », a-t-il estimé.