La mort tragique de la première juge musulmane des Etats-Unis

La mort tragique de la première juge musulmane des Etats-Unis

Sheila Abdus-Salaam, la première juge musulmane des Etats-Unis, a été retrouvée morte dans l’Hudson river à New York mercredi. Les causes de son décès n’ont pas encore été établies.

Qu’est-il arrivé à Sheila Abdus-Salaam ? Mercredi, le corps de cette femme de 65 ans a été retrouvé flottant dans l’Hudson river, du côté de Harlem, près de chez elle. C’est son mari qui a alerté la police de sa disparition mardi matin, indique le «New York Times». Il a été appelé mercredi à venir identifier le corps qui ne présentait pas de signes visibles de traumatismes ou de blessures. L’autopsie doit être faite afin d’établir les causes de la mort.

Sheila Abdus-Salaam n’était pas une inconnue du grand public. Elle est devenue la première juge musulmane de l’Histoire des Etats-Unis en 1994. En 2013, elle est également devenue la première femme afro-américaine à obtenir le poste de juge associé à la Cour d’Appel de l’état New York, désignée par le gouverneur Andrew Cuomo. «En tant que première Afro-Américaine à être choisie à la Cour d’Appel, elle était une pionnière», a commenté ce dernier dans un communiqué mercredi.

«A travers ses écrits, sa sagesse et sa morale inébranlable, elle était une force pour le bien dont l’héritage se fera sentir dans les années à venir», a-t-il ajouté. «Elle était profondément respectée et a été une inspiration pour beaucoup tout au long de sa carrière», a réagi le porte-parole de l’Assemblée de l’État de New York, Carl Heastie, dans un communiqué. «Sa disparition laisse un vide qui va être difficile à combler», a-t-il continué. «Je suis profondément attristé par la mort tragique de Sheila Abdus-Salaam. C’était une pionnière tellement humble. Mes pensées vont à sa famille», a tweeté mercredi le maire de New York, Bill de Blasio.

« Utiliser la loi pour aider les gens »

L’été dernier, sous son impulsion, la Cour d’Appel de New York avait élargi la définition de parentalité pour les couples de même sexe, se basant sur deux cas d’anciens couples non mariés où seules les mères biologiques avaient obtenus le droit de garde des enfants. «Lorsqu’un partenaire montre une preuve claire et évidente que les deux partis ont accepté de concevoir et d’élever ensemble un enfant, le parent non-biologique et non-adoptif est autorisé à demander la visite et la garde en vertu de la Loi sur les relations familiales», avait écrit Sheila Abdus-Salaam dans un long texte.

En 2013, entourée du ministre de la Justice, Eric Holder et du gouverneur Robert J. Duffy. Elle est congratulée par le juge Jonathan Lippman.

En 2013, entourée du ministre de la Justice, Eric Holder et du gouverneur Robert J. Duffy. Elle est congratulée par le juge Jonathan Lippman.© Hans Pennink/AP/SIPA

Née dans une fratrie de sept enfants, Sheila Abdus-Salaam avait grandi au sein d’une famille de la classe ouvrière, à Washington, D.C.. Diplômée de l’Université de Barnard, elle avait ensuite continué ses études à l’école de droit de Columbia, où elle avait notamment croisé la route d’Eric Holder, ministre de la Justice de l’administration Obama. «Sheila pouvait se marrer, mais il y avait aussi une gravité en elle, elle savait ce qu’elle voulait, à un âge relativement jeune», avait-il déclaré en 2013, lors de sa prise de fonction. Au cours de cette même cérémonie, Sheila Abdus-Salaam avait expliqué avoir voulu travailler dans la justice dès son plus jeune âge, inspirée par les séries télévisées «Perry Mason» et «East Side/West Side». Mais s’est en rencontrant Frankie Muse Freeman, avocate des droits civiques alors qu’elle était encore à l’Université qu’elle avait pris la décision de s’engager pour les autres. «Elle faisait ce que je voulais faire : utiliser la loi pour aider les gens», s’était souvenue Sheila Abdus-Salaam. Divorcée, Sheila Abdus-Salaam s’était remariée en juin dernier avec le révérend Gregory Jacobs, membre de l’Archidiocèse épiscopal de Newark.