La flambée des prix est prévue pour les cinq prochaines années
Pourquoi cette date? C’est parce que tout simplement pour que la demande mondiale soit satisfaite les pays de la planète devront débourser 1500 milliards de dollars annuellement.
L’Algérie, dont l’économie dépend à près de 98% de ses exportations en hydrocarbures, a anticipé et pris la mesure de cet enjeu crucial pour l’ensemble des économies du monde. Le ministre algérien de l’Energie a annoncé au début de l’année 2011 un investissement d’environ 60 milliards de dollars, soit plus de 4200 milliards de dinars. L´Etat consacrera «un montant de l´ordre de 4200 milliards de dinars, soit l´équivalent de 60 milliards de dollars pour le programme 2011-2015 d´investissement dans le domaine des hydrocarbures», a déclaré Youcef Yousfi qui s’était exprimé le 17 janvier 2011 dans le cadre du forum El Moudjahid (Voir L’Expression du 18 janvier).
«L’Algérie va intensifier l’effort d’exploration pour accroître ses réserves d’hydrocarbures, assurer des revenus suffisants pour le développement et garantir la sécurité énergétique du pays à très long terme», avait annoncé le ministre de l’Energie et des Mines lors d’un entretien accordé à l’APS au mois de novembre 2010.
Cette conjoncture n’est annonciatrice en rien d’un baril de pétrole bon marché. La flambée des prix est prévue pour les cinq prochaines années.
Les arguments qui font penser à cette probabilité sont en béton. Le pétrole se raréfie. Les anciens gisements s’épuisent. Les nouveaux nécessitent des investissements de plus en plus coûteux au point d’atteindre des sommes colossales.
La facture devrait avoisiner les 40 milliards de dollars d’ici 25 ans. «Si nous ne trouvons pas cet argent, la production n’augmentera pas autant qu’elle doit le faire, avec pour résultat des prix bien supérieurs à ce qu’ils sont aujourd’hui», a averti l’économiste en chef de l’AIE, Fatih Birol. L’économie nationale est-elle prête à relever ce défi? Les économies de chaque pays ne traitant pas d’égal à égal, certaines d’entre elles resteront automatiquement sur le carreau. L’Afrique devrait payer cher l’addition.
Pourquoi? «Cumulé jusqu’en 2035, le chiffre mondial atteint la somme vertigineuse de 38.000 milliards de dollars d’investissements, soit plus de 27.500 milliards d’euros», indique l’estimation de l’AIE, répercutée par une dépêche de l’AFP.
Une «enveloppe financière» astronomique qui dépasse de 15% la précédente prévision de l’Agence internationale de l’énergie qui est chargée de défendre, avant tout, les intérêts des pays occidentaux.
Les économies du Continent noir, qui figurent parmi les moins performantes du monde, à l’instar des pays du Sahel (Niger, Mali…) ou de celles de la Corne de l’Afrique (Somalie, Ethiopie…) qui font face soit à des sécheresses récurrentes ou à des conflits armés, font face à des préoccupations beaucoup plus terre à terre: famine, malnutrition, alimentation en eau potable, en énergie électrique…
«Plus de 1,3 milliard de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès au courant électrique», souligne le rapport de l’Agence internationale de l’énergie qui précise que le «point d’interrogation» essentiel concerne l’Afrique et le Moyen-Orient qui souffrent d’un déficit évident d’investissements. Le vent des «révolutions arabes», entre autres, étant passé par là.
Ces deux régions du monde semblent être les plus exposées à l’instabilité. Un climat qui ne semble pas avoir eu d’emprise sur les cours de l’or noir.
A New York, le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en décembre, a clôturé la semaine en engrangeant un gain de 1,86 dollar grimpant à 87,93 dollars. Le marché pétrolier est demeuré imperturbable face à l’annonce de la mort d’El Gueddafi, et d’une crise de la dette grecque qui menace de faire éclater l’édifice européen.