La moitié des observateurs sont arrivés en Syrie,Les attentats meurtriers se multiplient

La moitié des observateurs sont arrivés en Syrie,Les attentats meurtriers se multiplient

Le double attentat de jeudi, revendiqué hier par un groupuscule inconnu, «Jibhat al-Nosra» a été le plus meurtrier depuis le début de la crise syrienne

La Syrie fait face à une dangereuse multiplication des attentats depuis l’annonce du cessez-le-feu malgré la présence désormais de près de la moitié des 300 observateurs internationaux de la mission de l’ONU.

La communauté internationale, qui multiplie les mesures de rétorsion et a déployé 145 observateurs dans le pays, a été jusqu’à présent incapable de mettre fin aux violences qui ont fait plus de 12.000 morts en 14 mois, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH, basé en Grande Bretagne). Le régime de Bachar Al Assad, qui ne reconnaît pas la contestation, affirme lutter contre des «bandes terroristes armées» et leur impute les attentats qui frappent le pays depuis décembre 2011. Ces attaques se sont récemment multipliées, notamment depuis le cessez-le-feu techniquement en vigueur depuis le 12 avril, mais continuellement ignoré, notamment à Damas et à Alep, les deux plus grandes villes du pays. Plusieurs de ces attentats ont été revendiqués par un groupuscule obscur, le «Jibhat al-Nosra», inconnu jusqu’à l’éclatement de la révolte en Syrie. Hier, ce groupe extrémiste a dit être responsable du double attentat qui a fait jeudi 55 morts et des centaines de blessés à Damas dans l’explosion d’une charge de plus d’une tonne, selon les médias officiels.

Le Front, dont on ignore les affiliations, a dit avoir mené ces attaques «en réponse au bombardement du régime des quartiers résidentiels». Ces allégations sont difficilement vérifiables. La voix enregistrée sur la vidéo a été modifiée et aucun membre du groupe n’était visible sur les images. Vendredi, Damas a affirmé avoir déjoué un attentat suicide à Alep (nord). Le kamikaze, abattu «avant qu’il ne puisse perpétrer son crime terroriste», selon la télévision d’Etat, transportait 1200 kg d’explosifs. Le quotidien gouvernemental As-Saoura imputait hier la responsabilité des attentats à Al Qaîda, soutenu par «l’Amérique et l’Occident via leur instruments dans la région: la Turquie voisine ou les émirats pétroliers». L’opposition accuse, en revanche, le régime de mener ces attaques pour saboter le plan de l’émissaire international Kofi Annan. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, accuse même les autorités de mettre en scène les attentats en plaçant des cadavres de prisonniers sur les lieux. Les funérailles des victimes de jeudi ont eu lieu hier après-midi à Damas. La prière, retransmise en direct à la télévision, était dirigée par le mufti de Syrie, en présence de plusieurs membres du gouvernement. Sur le terrain, 145 observateurs de l’ONU sont désormais arrivés, soit près de la moitié des 300 observateurs qui doivent être déployés à terme pour surveiller l’application d’une trêve pourtant continuellement ignorée.

Quatre civils ont cependant été abattus hier par les forces du régime dans les régions de Hama (centre), d’Idleb (nord-ouest) et de Deir Ezzor (est), selon l’OSDH. Et des combats ont opposé soldats des forces régulières et déserteurs dans les régions de Deraa (sud), de Homs (centre) et d’Idleb, où quatre soldats ont péri et neuf autres ont été blessés, certains grièvement, selon l’OSDH.

Vendredi, journée traditionnelle de mobilisation depuis le début de la révolte en mars 2011, des dizaines de milliers de Syriens ont bravé les tirs des troupes pour manifester leur opposition au régime, et les violences ont fait 17 morts, dont 12 civils. Selon l’OSDH, 938 personnes dont 662 civils ont péri dans les violences depuis le début de la trêve, et des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées dans le cadre de la répression. Hier, toutefois, huit militants, dont la blogueuse Razan Ghazzawi, l’un des symboles de la contestation, ont été libérés jusqu’à leur procès à la fin du mois pour «possession de publications interdites», selon l’avocat des droits de l’homme, Anouar Bounni.