Visiblement, le président égyptien Hosni Moubarak n’est pas près d’abandonner le trône du pouvoir.
Depuis maintenant douze jours de manifestations sans précédent, qui mobilisent des centaines de milliers d’Egyptiens, Moubarak, qui a réuni hier pour la première fois son gouvernement, résiste encore malgré la pression internationale de plus en plus forte.
Le vendredi, qui devait être la «journée du départ», n’a pas pu chasser Moubarak. Les Américains se sont engagés depuis jeudi soir dans une délicate discussion visant à convaincre les responsables militaires égyptiens d’orchestrer le départ immédiat de Hosni Moubarak et son remplacement par un gouvernement de transition dirigé par le nouveau vice-président, Omar Souleiman. Hier encore, au lendemain du «jour du départ», la tension n’a pas baissé dans les villes égyptiennes. Plusieurs milliers d’Egyptiens continuent d’occuper les principales villes, réclamant sans effet le départ du président. A la place Tahrir, symbole de la contestation populaire, des dizaines de manifestants anti-Moubarak ont empêché les chars de l’armée de partir, redoutant de nouvelles attaques meurtrières des partisans de Hosni Moubarak, a constaté l’AFP. Pour eux, la présence de l’armée est une protection contre les partisans du raïs égyptien qui ont à plusieurs reprises tenté de submerger leurs barricades, jetant des pierres et parfois tirant des coups de feu. Le président Hosni Moubarak s’est réuni hier avec les ministres du nouveau gouvernement. Il s’agit de la première réunion du président avec les ministres depuis le limogeage de l’ancien gouvernement la semaine dernière, une mesure destinée à apaiser le mouvement de contestation. Moubarak s’est réuni avec le Premier ministre Ahmad Chafic ainsi que les ministres du Pétrole, du Commerce, des Finances, de la Solidarité sociale et le gouverneur de la Banque centrale, a précisé Mena. Aucune indication n’a été donnée sur l’ordre du jour. Le vice-président Omar Souleiman a poursuivi ses consultations dans la journée d’hier, en vue d’organiser une éventuelle transition. Selon le New York Times, ces discussions ne prévoiraient pas d’appel au départ de M. Moubarak mais porteraient sur la composition d’un gouvernement de transition, dirigé par le vice-président qui négocierait avec l’opposition sur des réformes démocratiques.
Les USA discutent le départ de Moubarak
La Maison-Blanche négocie le départ du président égyptien pour sortir du chaos. Les Américains se sont engagés depuis jeudi soir dans une délicate discussion visant à convaincre les responsables militaires égyptiens d’orchestrer le départ immédiat de Hosni Moubarak et son remplacement par un gouvernement de transition dirigé par le nouveau vice-président, Omar Souleiman. L’Administration Obama rejette ainsi le chantage formulé par le raïs, selon lequel c’est «moi ou le chaos». «Je voudrais partir, a dit Moubarak jeudi soir à la chaîne ABC. Mais si je pars aujourd’hui, ce sera le chaos». Pour Washington, son départ est au contraire le meilleur moyen de mettre fin aux violences et de préserver la stabilité du pays. Selon le New York Times, citant des «sources officielles américaines et arabes», les responsables américains redoutent un redoublement des violences. L’Administration joue à fond la carte de sa relation privilégiée avec l’armée égyptienne, espérant arracher le soutien du chef d’état-major des armées Sami Annan et celui du maréchal Mohammed Tantawi, ministre de la Défense. Plusieurs conversations ont eu lieu entre Omar Souleiman et le pouvoir américain, notamment la secrétaire d’État Hillary Clinton et le vice-président Joe Biden. Le secrétaire à la Défense Robert Gates et son chef d’état-major sont en contact régulier avec leurs homologues égyptiens. Le patron de l’armée américaine, Mike McMullen, semble confiant quant aux intentions de l’armée de ne pas réprimer le mouvement d’opposition.
Le personnel d’Al-Jazeera arrêté
La chaîne de télévision satellitaire qatarie Al-Jazeera annonce que le directeur de son bureau au Caire et l’un de ses journalistes ont été arrêtés, au lendemain de la mise à sac du bureau. Les autorités égyptiennes ont déjà interdit depuis le 30 janvier à la chaîne, qui couvre largement le soulèvement contre le président Hosni Moubarak, de travailler en Egypte. Al-Jazeera a toujours eu des relations tendues avec le gouvernement égyptien.
Agressions contre les journalistes
L’Egypte s’excuse
Le nouveau ministre égyptien des Finances, Samir Radwan, a présenté ses excuses vendredi pour tous les cas de «mauvais traitements» infligés aux journalistes et manifestants par les forces de l’ordre égyptiennes. «Je veux présenter mes excuses à tous les journalistes, tous les étrangers et tous les Egyptiens qui ont été victimes de mauvais traitements», a déclaré M. Radwan, nommé ministre lundi. «Je me suis renseigné et j’ai dit qu’il y a une tolérance zéro de la part de ce gouvernement pour les attaques contre des étrangers, sans parler des journalistes que nous devons avoir de notre côté pour donner une bien meilleure image au monde entier», a-t-il expliqué. Radwan a par ailleurs admis que ceux qui participent depuis plusieurs jours aux manifestations massives à travers le pays ont «des requêtes justes».
Synthèse Hocine L