La minorité chiite de l’Arabie saoudite cible des extrémistes sunnites, Le royaume face à la menace Daech

La minorité chiite de l’Arabie saoudite cible des extrémistes sunnites,  Le royaume face à la menace Daech

Cela pourrait attiser les tensions confessionnelles et plonger la région dans une guerre inextricable, en témoignent les récentes craintes exprimées par le leader du Hezbollah libanais : une branche du groupe jihadiste État islamique (EI), qui a revendiqué deux attentats anti-chiites meurtriers en une semaine en Arabie saoudite, a appelé à de nouvelles attaques contre cette minorité dans un message audio diffusé sur internet.

L’EI “a ordonné à ses soldats de tuer les ennemis de la religion, en particulier les Rafida (chiites)”, selon l’enregistrement attribué à “la province de Najd”, qui s’est récemment manifesté comme une branche du groupe extrémiste sunnite dans le royaume saoudien, majoritairement sunnite. En l’espace d’une semaine, la minorité chiite, établie dans l’ouest du royaume, a été la cible de deux attentats meurtriers revendiqués par l’EI. Avant-hier, un kamikaze a actionné sa charge explosive à l’entrée d’une mosquée de la Province orientale, majoritairement chiite, faisant trois morts. Une semaine plus tôt un attentat a coûté la vie, dans cette même province, à  21 personnes. Les deux attaques ont été revendiquées par l’EI. Dans le message, diffusé tard vendredi sur Youtube, un homme décrit les chiites comme des “apostats”, ajoutant : “Il est de notre devoir de les tuer et de les déplacer, où qu’ils soient.” S’ensuit une critique des dirigeants saoudiens qui ont “échoué à protéger leur propre frontière de la vermine houthie”, en référence aux rebelles chiites au Yémen, que les Saoudiens combattent, à la tête d’une coalition arabe, depuis mars. “Alors, comment vont-ils vous protéger ?”, ajoute l’homme, en s’adressant aux Saoudiens. Cet appel pourrait déstabiliser le royaume qui a déjà fort à faire avec le voisin du sud, en l’occurrence le Yémen où il mène une guerre contre les Houthis. Autre facteur de déstabilisation : même cette branche de l’EI risque à terme de se tourner vers des cibles gouvernementales, sachant que Riyad fait aussi partie de la coalition antijihadiste internationale qui mène des frappes contre l’EI en Irak et en Syrie. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison que les Américains se sont dépêchés de réagir à l’attentat de vendredi contre une mosquée. “Nous condamnons la brutalité des terroristes qui commettent ces violences dans des lieux de culte”, a déclaré le porte-parole du secrétariat d’État américain, Jeff Rathke, dont les propos ont été repris par l’AFP. “Ces actes mettent en lumière, une fois encore, le mépris total qu’ont les terroristes pour la vie humaine.” “Les États-Unis se tiennent aux côtés du peuple d’Arabie saoudite contre cette violence et restent engagés à travailler avec les gouvernements saoudien et nos partenaires internationaux pour lutter contre l’extrémisme violent dans la région”, a-t-il ajouté. Comme pour anticiper contre une éventuelle propagation de cette nébuleuse dans le royaume, les autorités saoudiennes ont multiplié ces derniers mois les arrestations d’extrémistes sunnites soupçonnés de planifier des attaques pour “attiser les tensions confessionnelles” dans le pays. En avril, elles ont annoncé le démantèlement d’une cellule de

65 personnes soupçonnées d’avoir des liens avec l’EI et de planifier des attentats. En décembre, elles avaient arrêté trois partisans de l’EI accusés d’avoir blessé par balle un Danois à Riyad.

R. I.