La culture du gain facile favorise l’augmentation du nombre de mendiants. La mendicité est un phénomène galopant dans notre pays. Outre les mendiants nationaux, d’autres, venus du Mali et du Niger, font désormais partie du décor de nos villes.
A Ghardaïa, par exemple, ce fléau est, par la force des choses, devenu un vrai commerce qui change selon les saisons et les circonstances. Les mendiants changent de stratégie et même de lieux d’exercice de ce vice vers le gain facile.
Durant tous les mois de l’année, les mendiants squattent les trottoirs des grandes rues commerçantes, s’installent devant les restaurants et les mosquées et se logent surtout à la gare routière, un lieu de répit idéal pour y passer la nuit.
Un choix stratégique pour repérer les âmes charitables et les personnes qui portent encore de la monnaie en main. Difficile de nos jours de différencier entre les vrais, des faux nécessiteux.
Et les « professionnels en marketing » de mendicité ont le don de trouver la bonne méthode pour augmenter leurs « bénéfices ». Dans ce cadre, ils n’hésitent pas à créer dans leur esprit de nouvelles idées. Certains d’entre eux « dessinent » une triste mine sur leur visage pour attendrir les passants.
D’autres formulent des slogans touchants. Ces méthodes d’apitoiement sont choisies avec le plus grand soin. Rien n’est laissé au hasard. Pour les grandes occasions, comme les fêtes religieuses, les rengaines quotidiennes sont renouvelées. Les mendiants choisissent des formules plus astucieuses.
Par ailleurs, les plus futés utilisent des enfants pour être sûrs de réussir leur coup. En effet, les petits mendiants « inconscients » sont très sollicités dans ce domaine. Des femmes en particulier, initient de plus en plus, leurs enfants à la mendicité. Ces derniers ne sont parfois pas les leurs.
Ils sont loués à la journée pour faire la manche. Résultat : ces gamins sont souvent exposés au soleil, au froid et à la chaleur. Ils sont également mal nourris et mal habillés contre le froid. Ce style de mendicité dégradant, désolant, affreux et inhumain, envahit désormais les trottoirs de la ville de Ghardaïa.
Les images des enfants utilisés dans ce commerce abject, sont hideuses, choquantes et bouleversantes.
Le véritable danger qui les guette est la malnutrition, les maladies, la maltraitance et les agressions physiques, alors qu’à cet âge-là, ils ont besoin d’aller à l’école et de vivre comme tous les enfants du monde. Si les mendiants supplient, implorent, pleurent ou simulent un handicap pour « soutirer » quelques pièces, les pauvres enfants sont également enrôlés pour mieux exciter les faveurs des citoyens les plus circonspects.
Face à l’ampleur de cette situation, des campagnes et actions doivent impérativement être menées par les unités d’assistance sociale dans la ville de Ghardaïa. Toutefois, le déracinement du phénomène de la mendicité à Ghardaïa, n’est guère une tâche facile, compte tenu de la culture du gain facile. En effet, un mendiant qui arrive à récolter entre 1 000 à
2 000 DA par jour, sans fournir le moindre effort, ne « troquera » pas facilement cette fructueuse activité.