La nébuleuse terroriste appelée Etat islamique (EI), connue aussi sous le nom de Daech, vient de créer plusieurs cellules terroristes en Libye, notamment dans les villes de Derna et de Benghazi. Du coup, la sécurité aux frontières algériennes est sous la menace de Daech.
Plusieurs centaines de véhicules appartenant au groupe terroriste de l’Etat islamique ont arboré, avant-hier dans les villes libyennes, notamment à Derna et Benghazi, des drapeaux de Daech. De nombreux hommes armés jusqu’aux dents y ont défilé également.
L’Etat islamique vient de créer une cellule en Libye, annonçant, par la même occasion, une grande offensive contre les pays du Maghreb. Du coup, l’Algérie est concernée par cette nouvelle donne du moment que sa frontière jouxte celle de la Libye. Une sérieuse menace qui a poussé l’Armée nationale populaire (ANP) à augmenter son effectif au niveau de la frontière qui sépare les deux pays. Pis, en 2012 Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait annoncé la création d’une filière à Derna, à l’est de la Libye.
Deux ans après, sa rivale de l’Etat islamique s’infiltre en Libye en créant des bases d’entraînement dans la même ville de Derna, ce qui présume qu’une « guerre » de positions autour de cette ville et d’autres a lieu entre les deux factions terroristes. L’Etat islamique ou Daech a créé, depuis quelques mois, plusieurs camps d’entraînements qui abritent des djihadistes de toutes nationalités, dans la ville de Derna.

C’est ce qu’ont rapporté plusieurs rapports secrets de pays étrangers, entre autres les Etats-Unis et l’Italie. D’après ces rapports, Daech a pu enrôler des djihadistes européens, tunisiens, soudanais, saoudiens, algériens, marocains, nigériens et maliens. Des camps d’entraînements ont été aménagés pour recevoir et préparer le flux important de « combattants » qui seraient des milliers.
Ces djihadistes, expliquent les rapports, seront utilisés dans les attentats terroristes à travers les pays maghrébins, notamment en Libye, en Algérie, en Tunisie et en Egypte. Pis, il est fait état de la présence d’un important arsenal de guerre qui serait en possession de ces terroristes de Daech. Ces armes font partie du butin de guerre que les islamistes libyens ont accaparé après la rébellion de 2011 contre Kadhafi. Pire encore, des missiles sol-air de type 300S seraient aux mains de Daech à Derna, indiquent les rapports.
D’après plusieurs estimations, le nombre de djihadistes qui s’entraînent en Libye serait de plus de 50 000 hommes. Fortement équipés, ces derniers sont en train de constituer une véritable armée. Toutefois, certains rapports ont démenti ce nombre, jugé exagéré.
Mais cela n’empêche pas de considérer que la menace de Daech en Libye est grande.
Une menace qui pèse sur toute la région du Maghreb et sur le Sahel. Par ailleurs, un djihadiste libyen tout juste rentré de Syrie a été tué cette semaine à Derna, lors d’affrontements entre groupes terroristes rivaux. La brigade Al Battar, affiliée à l’Etat islamique d’Irak, a publié le 9 octobre de l’année dernière un communiqué affirmant que des têtes tomberont, que des estomacs seront tranchés et que la Libye sera remplie de tombes pour venger Mahdi Saad Abu Al Abyadh Al Gaithi.
Ce dernier a été tué lors d’affrontements avec la brigade des Martyrs d’Abu Slim, ravivant le conflit entre groupes djihadistes. Devant cette grande menace, les habitants de Derna sont désemparés. Ils espèrent que l’armée entrera dans la ville pour les sauver des pressions que leur font subir les terroristes.
En face, les takfiristes de Daech contrôlent la ville dont les habitants vivent dans la peur. « EI, Jabhat al-Nusra et Ansar al-Sharia tentent de pousser dans les abysses et le peuple libyen ne les laissera pas faire », a expliqué un haut gradé de l’armée libyenne appartenant au général Haftar.
En revanche, Ramzi Yousef, membre d’Ansar Al Sharia, a expliqué récemment que « Le groupe Al Battar, dont le nom fait référence à un sabre, est un affilié d’Ansar Al Sharia. Il a été fondé en Syrie et tous ses membres sont originaires de Libye. Ce sont les plus féroces parce qu’ils ne négocient pas, ils se contentent d’agir ». Il a ajouté que ce groupe « est formé au maniement des armes et spécialisé dans les attentats suicide, les attentats à la bombe et les assassinats, des pratiques qu’ils ont apprises en Syrie ».