Le risque de perturbation de l’année scolaire refait surface alors que le ministre de l’Education nationale avait annoncé avant la rentrée que l’année sera «sereine». Le Cnapest brandit en effet la menace d’une grève.
Si par le passé c’était aux grèves cycliques ou illimitées qu’avaient recours les enseignants, cette fois-ci, ce seront plutôt «les grèves alternatives», nouvelle méthode pour éviter la saignée des salaires due aux ponctions.
Non satisfait des résultats de l’action syndicale pour l’année 2009/2010, caractérisée par le niet de la tutelle sur certains dossiers, comme la médecine du travail et les œuvres sociales,
le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) appelle l’ensemble de ses adhérents à trouver de nouveaux moyens de protestation.

Dans un communiqué ayant sanctionné la session extraordinaire de son conseil national consacrée au bilan de l’action syndicale pour l’année écoulée, tenue les 30 et 31 octobre à Boumerdès, le Cnapest «propose» à ces derniers «la grève alternative» pour arracher leurs revendications légitimes.
Le constat de cette entité syndicale est «alarmant». «La tutelle a coupé tout dialogue avec le partenaire social. Elle refuse également de tenir ses promesses quant aux dossiers de la médecine du travail et des œuvres sociales»,
écrivent les rédacteurs du communiqué qui affichent leur détermination à poursuivre le combat syndical malgré les pressions des pouvoirs publics qui n’hésitent pas à recourir aux ponctions sur salaires dès qu’un mouvement de grève «garanti pourtant par
la Constitution» est entamé, rappelle le chargé de la communication du Cnapest, Messaoud Boudiba, dans une déclaration au Temps d’Algérie.
«Nous avons constaté qu’il n’y a aucune volonté de la tutelle à prendre en charge sérieusement nos revendications», explique notre interlocuteur qui affirme que les ponctions sur salaires n’entament en rien de la volonté des enseignants à faire valoir leur droits. «Nous étudions actuellement l’idée d’une grève alternative pour contourner quelque peu ces ponctions sur salaires et nous disposons d’autres moyens de lutte aussi à mettre en application», dit-il.
C’est quoi une grève alternative ? «C’est en fait une façon organisée de perturber le déroulement de la scolarité sans pour autant être victime des ponctions sur salaire», répondra Boudiba. Plus explicite, il dira : «Pour un débrayage de 5 jours par exemple, les enseignants sont organisés en 5 groupes.
Et l’on procède à la grève à tour de rôle de sorte qu’à la fin, nous aurons fait une grève de 5 jours mais les ponctions sur salaires ne seront que d’une journée pour chaque enseignant.»
S’il affirme qu’un débrayage à l’échelle nationale n’aura pas lieu avant les vacances d’hiver durant lesquelles se tiendra une autre session du conseil national, au cours duquel «des décisions importantes seront prises», Messaoud Boudiba révèle toutefois qu’au niveau local, les sections sont autonomes et peuvent agir à tout moment «si elles constatent des dépassements». La menace est donc applicable «immédiatement». Le ministère rouvrira-t-il les portes du dialogue comme réclamé par le Cnapest ?
Par Saïd Mekla