La maroquinerie menacée de disparition à Blida

La maroquinerie menacée de disparition à Blida

La maroquinerie connaît ces dernières années un net déclin à travers la wilaya de Blida à telle enseigne que les derniers artisans ont tiré la sonnette d’alarme pour la sauvegarde de ce métier ancestral.

Véritable pépinière d’artisans, cette région de la Mitidja était réputée pour la qualité de ses divers articles de maroquinerie, un gagne pain exercé de père en fils depuis la nuit des temps, par de nombreuses familles blidéennes. Parmi ces produits figurant au répertoire de l’artisanat local, l’on cite la « Babouche », une sorte de soulier fabriqué avec du cuir tanné de qualité supérieure se vendant à un prix onéreux.

« Le sabbat » produit avec du cuir moins noble, est une chaussure destinée tant aux femmes qu’aux hommes. Appelé également « Qibab », ce soulier, proposé à un prix modique, est utilisé dans les bains maures (Hammams).

Les portefeuilles, mallettes et ceintures sont, entre autres d’autres produits fabriqués à base de cuir par d’habiles maroquiniers qui ont transmis ce métier et leur savoir-faire à plusieurs générations.

Mais, malheureusement, l’intérêt accordé actuellement pour cet artisanat n’est plus ce qu’il fût autrefois, car le nombre de maroquiniers ne cesse de se rétrécir comme une peau de chagrin.

La fermeture de nombreuses tanneries (fabrique d’apprêtement des peaux), la concurrence déloyale par des produits d’importation, l’absence d’une main-d’œuvre qualifiée, la cherté de la matière première et sa répercussion sur le prix de vente, ainsi que la baisse du pouvoir d’achat du consommateur, sont considérés parmi les principales causes à l’origine du déclin de la maroquinerie, estime le responsable de la Chambre locale des métiers et de l’artisanat.

La récente mesure relative à la baisse des taux d’imposition décidée en faveur des artisans a été, toutefois, citée parmi les facteurs ayant participé à la relance de la maroquinerie. L’accord de crédits sans intérêts ou à des bonifiés pour l’acquisition et le renouvellement des équipements utilisés dans les activités artisanales menacées de disparition, est de nature à aider les artisans à aplanir le problème de la hausse du coût du matériel d’artisan, estime, par ailleurs, la même source. Le maroquinier Larbi Rabah Abderrahmane figure parmi les derniers de sa génération à continuer d’exercer ce métier. Son ambition est d’inculquer les bases de cet art artisanal aux jeunes qui en expriment le désir, afin dit-il, de « sauver ce métier de l’oubli et de la disparition qui le menacent ».

Ammi Larbi se consacre depuis plus de 25 années à la conservation de ce legs culturel, par le travail et la confection du cuir au niveau de sa modeste tannerie de Beni Mered, indique-t-on. Pour lui, le désintérêt des jeunes générations pour la maroquinerie a pour origine « la modestie du gain qu’elle assure et la difficulté de commercialisation des produits finis, jugés trop chers ».

Il a, toutefois, assuré avoir des « clients fidèles de l’intérieur et de l’extérieur du pays, qui estiment à leur juste valeur ce produit artisanal, en dépit de sa cherté », soutient-il, en mettant l’accent sur la « difficulté d’importation du cuir de haute qualité, sachant que l’Algérie ne dispose que d’une seule variété de cuir, qui est le cuir noir », souligne-t-on. Le manque d’espaces promotionnels de cet artisanat a été également déploré par ce vieil artisan possédant à son actif de nombreuses participations à des expositions nationales et internationales.