Le Maroc via son agence de presse, Maghreb Arabe Presse (MAP), vient une fois de plus de se distinguer par une attaque frontale contre les autorités algériennes dont il se serait passé n’était ce réflexe Pavlovien du makhzen de «casser de l’Algérie» quand il est mis en difficulté sur le terrain des droits de l’homme.
Le refoulement de quelques activistes algériens à la frontière algéro- tunisienne a offert un bon prétexte à l’agence officielle marocaine pour diffuser son fiel sur l’Algérie, poussant des larmes de crocodiles sur le «sort» de nos compatriotes devant participer au Forum Social Mondial (FSM) à Tunis.
Sous le titre évocateur : «Des militants algériens interdits de cité au FSM en Tunisie : Le deux poids deux mesures du pouvoir algérien», la très makhzenienne MAP, s’est fendue mercredi dernier d’un véritable brûlot contre l’Algérie que ni la déontologie journalistique et encore moins les règles de bon voisinage consacrées en diplomatie, ne sauraient justifier.
C’est un forfait médiatique en bonne et due forme ! Jugez-en : «Les autorités de ce pays ont interdit à quelque 200 militants du mouvement social algérien de participer à la grand-messe des alter mondialistes, ouverte mardi en Tunisie.
Comble de l’absurde, ces autorités ont en revanche mobilisé, encadré et financé avec l’argent du contribuable algérien des centaines d’officines obscures se réclamant des thèses séparatistes du «Polisario»” pour aller ressasser un anti-marocanisme primaire au Forum social mondial (FSM) de Tunis», lit-on dans l’un des dépêches fumantes de la MAP.
Une propagande à la Goebbels !
Le bras médiatique de la monarchie alaouite qui a servi à l’occasion de gâchette, n’a pas lésiné sur les superlatifs pour décrire une Algérie asservie par le régime et des citoyens qui seraient écrasés sous la botte des autorités. «Le pouvoir algérien, faisant fi des sollicitations de la société civile, ne se soucie guère de la dignité des citoyens algériens, ni de leurs cris de coeur, ni de leurs objections, ni de leur rejet viscéral de toute humiliation sous le regard du monde entier», est –il souligné. Difficile de croire que ce texte a été publié sur un support médiatique directement relié aux autorités d’un pays voisin…
Et à cette «honorable» MAP qui «couvre» avec étanchéité tous les coups bas et les tortures du makhzen contre les militants des droits de l’homme marocains et sahraouis, de juger et donner des leçons à l’Algérie. «Ce déni de liberté de circulation est d’autant plus condamnable qu’il Concerne la Tunisie, un pays voisin de l’Algérie, berceau du «Printemps arabe», qui plus est membre de ce Grand Maghreb dont les autorités algériennes se gargarisent dans leur discours».
Un contre-feu
L’agence du Makhzen est allée jusqu’à citer la pourtant très détestable Amnesty International pour s’émouvoir du sort des activistes algériens empêchés d’aller au FSM ! La même Amnesty qui est diabolisée au Maroc à cause justement des ses rapports sulfureux sur les violations massives des droits de l’homme notamment dans les territoires occupés.
Cette série de dépêche de la MAP au ton incisif à l’égard de l’Algérie, constitue une déclaration de guerre médiatique. S’il est vrai que ce n’est pas la première fois que le royaume s’épanche sur l’Algérie y compris par ses responsables (Benkirane notamment), diffuser une littérature aussi haineuse sur un voisin, n’est certainement pas la meilleure façon de se réconcilier avec lui et encore moins l’inciter à rouvrir la frontière fermée depuis 1994.
Il est en revanche clair que cette attaque musclée cache mal le désarroi du makhzen après les déclarations de Christopher Ross sur l’urgence de régler la question sahraouie.
Au Maroc c’est comme cela, quand il y a du feu au royaume, on allume un contre-feu juste à côté… de Oujda.