“La campagne de vaccination en cours ne couvre les animaux que contre le sérotype O, que nous connaissons depuis 2014, alors qu’ils ne sont pas protégés contre le sérotype A, qui, lui, sévit aujourd’hui encore”, révèle un cadre du ministère du MADRP.
Plus d’un mois après l’apparition de la fièvre aphteuse de type A, dans différentes wilayas du pays et la déclaration officielle de cette maladie virale auprès de l’Organisation mondiale des épizooties, des sources proches de la Direction des services vétérinaires (DSV) du ministère de l’Agriculture signalent la présence d’un sérotype SAT 1, à Douar Chouaouet, dans la daïra d’El-Eulma (wilaya de Sétif). L’annonce de cette nouvelle maladie réputée contagieuse a ajouté au désarroi des éleveurs de Médéa, de Relizane, de Bordj Bou-Arréridj et de Sétif, déjà apeurés par la calamité de ladite souche A. Surtout qu’aucune démarche ni prise en charge sérieuses n’ont été entreprises pour l’éradiquer ou, à tout le moins, en limiter la nuisance, étant donné qu’il est reconnu que c’est une maladie virale grave qui se propage rapidement.
“Les responsables du ministère de l’Agriculture, dont ceux de la Direction des services vétérinaires, n’ont pas pris les mesures qui s’imposaient pour faire face à cette maladie. J’estime qu’il est très important pour nous en tant que citoyen et en tant que responsable de signaler beaucoup de défaillances”, nous confie un cadre du ministère de l’Agriculture. Ce dernier affirme qu’il y a eu des atermoiements, dès lors qu’il n’y a pas eu d’installation d’une cellule de crise au niveau du ministère, dès l’apparition du premier foyer. Une cellule de crise qui devait coordonner le travail et le suivi rigoureux de l’évolution de la maladie à travers les wilayas qui doivent transmettre des BRQ et agir en conséquence. Accablant sa tutelle, notre source dit regretter que la décision de suspendre les importations ne soit venue officiellement que le 5 avril.
“Les lenteurs ont marqué jusqu’aux mesures de confinement du cheptel qui ont consisté en l’interdiction du transport du bétail, la décision n’a été prise que le 13 avril, soit presque 15 jours après la confirmation de la maladie”, s’insurgera notre interlocuteur avant de dénoncer le silence coupable qui a été entretenu par le ministre de l’Agriculture autour de l’épidémie de fièvre aphteuse A.

“Aucune conférence de presse n’a été organisée par les responsables à ce sujet. On a commencé réellement à parler de cette maladie que suite à la publication, le mardi 11 avril, d’une note des douanes françaises sur leur site interdisant l’introduction de viande, de lait et de produits à base de viande ou de lait dans les bagages des passagers en provenance de notre pays. Comme si de rien n’était, le ministre de l’Agriculture a annoncé, le samedi 15 avril, à partir d’Adrar, que le vaccin allait être reçu dans les 48 heures, c’est-à-dire le 17 avril. Sa déclaration n’était, en fait, qu’un gros mensonge comme celui de dire que la vaccination est en cours. La campagne de vaccination qui est en cours ne couvre les animaux que contre le sérotype O, que nous connaissons depuis 2014, alors qu’ils ne sont pas protégés contre le sérotype A qui, lui, sévit aujourd’hui encore.” Poursuivant son réquisitoire contre les responsables du ministère, ce cadre en colère indique que l’EUFMD (European Union Foot and Mouth Disease) a fourni à l’Algérie des kits de diagnostic, mais qu’elle n’a jamais été sollicitée pour l’acquisition d’un quota de vaccin.
“Jusqu’à maintenant, il existe deux laboratoires qui sont en mesure de produire le vaccin anti-aphteux. Cette étape de production peut prendre quelques semaines, voire un mois ensuite, suivra l’étape du contrôle du vaccin pour pouvoir le livrer à l’Algérie. En attendant, la situation sur le plan épidémiologique ira de mal en pis, car la charge virale ne fait qu’augmenter et provoquera une contagiosité plus importante”, affirmera-t-il encore, en signalant l’apparition, ces derniers jours, de cas de fièvre aphteuse chez les ovins, chose qui peut compliquer la situation
et mettre en péril le cheptel ovin algérien estimé à 25 millions de têtes.