La «mafia» jette son dévolu sur la Corniche oranaise,Silence, on pille le sable des plages !

La «mafia» jette son dévolu sur la Corniche oranaise,Silence, on pille le sable des plages !

Le pillage du sable des plages pour son usage comme matériau de construction prend des proportions alarmantes au niveau de la Corniche oranaise.

Fermée et interdite à toute exploitation depuis bien des années par arrêté du wali, la sablière d’Ain El Turck n’a pourtant jamais connu de répit.

On peut parler, sans exagération aucune, de «mafia du sable» dans cette zone littorale. Le dispositif répressif, quant à lui, reste plutôt timide et démesuré comparativement avec la force de frappe et les moyens utilisés par les pilleurs nocturnes.

Chiffre révélateur: 37 affaires de pillage de sable ont été traitées par les services de la Gendarmerie nationale de la wilaya d’Oran depuis le début de l’année en cours. Et ce n’est là que la partie visible de l’iceberg, la majorité écrasante des opérations de pillage passant sous silence.

Le phénomène prend de l’ampleur, notamment au niveau des communes d’Ain El Turck, El Ançor et, à un degré moindre, dans la côte est d’Oran (Kristel et Ain Franine principalement), continuant ainsi de provoquer des pertes énormes aux communes côtières. Durant la même période, 49 personnes impliquées dans des affaires de pillage de sable ont été arrêtées et traduites en justice. Il s’agit d’un marché juteux géré par ce qui est convenu d’appeler la «mafia du sable». Un marché qui génère des profits immenses.

La décision, prise quelques années auparavant, par les services de la wilaya d’Oran, d’interdire l’extraction du sable au niveau des sites surexploités, a attiré davantage la mafia. Ce phénomène a pris de l’ampleur, suite à la prolifération des chantiers de construction. Certaines sources affirment que plusieurs entrepreneurs sont impliqués dans le pillage de sable pour approvisionner leurs chantiers à des prix réduits.

Pour accomplir son forfait, cette mafia exploite une main-d’œuvre composée également de mineurs. Il existe aussi des entrepôts illicites dans lesquels sont stockées des tonnes de sable.

En 2011, plus de 54 affaires de pillage de sable ont été traitées par la cellule de la protection de l’environnement du Groupement de la gendarmerie de la wilaya d’Oran, alors qu’une soixantaine de personnes étaient impliquées dans ces affaires, parmi lesquelles une majorité de chauffeurs de camions chargés de transporter le sable pillé. Elles ont été arrêtées et présentées devant le parquet pour extraction du sable sans autorisation.

A l’issue de ces affaires, une quantité de quelque 187 mètres cubes de sable a été récupérée. D’autre part, et pour faire face à ce phénomène, deux nouvelles autorisations d’exploitation de sable de mer ont été attribuées par la direction des Mines et de l’Industrie (DMI) de la wilaya d’Oran.

Cette mesure, qui entre dans le cadre de l’application du décret exécutif du mois d’octobre 2009 relatif à l’exploitation des carrières et des mines, a pour but d’approvisionner le marché en matériaux de construction et faire face à la mafia qui exploite illicitement le sable de mer, surtout que les prévisions des spécialistes font état d’une augmentation de la demande prochainement. Cette augmentation a pour origine les nouveaux projets dont a bénéficié la wilaya d’Oran.

L. Mehdi