La lutte contre le blanchiment d’argent ne peut être menée de manière efficace qu’une fois l’utilisation du chèque « régularisée » et imposée à « tout le monde », a affirmé samedi à Alger le président de la Chambre nationale des commissaires aux comptes, M. Cherif Bourenane. Interrogé par des journalistes sur le rôle des commissaires aux comptes dans la lutte contre le blanchiment d’argent, en marge des premières assisses sur cette profession,
M. Bourenane a répondu: « en l’absence d’une utilisation généralisée du chèque -pourtant prévue par la loi- nous n’avons pas tous les moyens nécessaires pour lutter contre ce phénomène même si nous pouvons, à travers nos vérifications, détecter ce fléau », a-t-il déploré. L’argent qui passe par le réseau informel est en fait « incontrôlable », a-t-il dit, estimant que « maintenant que l’Algérie a retrouvé sa stabilité sécuritaire, il faudrait que l’économie nationale soit conforme aux normes dont la généralisation de l’utilisation du chèque ».
« Nous sommes en train de lutter pour que l’économie algérienne soit conformes aux normes internationales et ça ne peut se faire qu’à travers la mise en place de moyens modernes de paiement, comme la carte de crédit et le chèque, car c’est le moyen le plus simple pour pouvoir définir la traçabilité de toutes les transactions commerciales », a soutenu le président de la chambre qui compte 1.200 commissaires aux comptes adhérents.
Ce commissaire aux comptes a, dans ce cadre, appelé l’Etat à « jouer pleinement son rôle » pour mettre en application les moyens modernes de paiement et lutter efficacement contre le blanchiment d’argent. Les obligations du commissaire aux comptes relatives à la lutte contre le blanchiment des capitaux ont été fixées par la loi 05-01 du 06 février 2005 relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ainsi que par l’ordonnance 12-02 du 13 février 2012 modifiant et complétant loi 05-01 du 06 février 2005.
Parmi six interventions thématiques présentées lors de la rencontre, une portait sur le rôle des commissaires aux comptes et experts comptables dans la lutte contre le blanchiment d’argent.
M. Bourenane ainsi que les autres intervenants se sont refusés de rendre publics des bilans chiffrés sur leurs missions, usant de leur droit de réserve.
Il a, par ailleurs, fait savoir qu’une commission au sein du Conseil national de la comptabilité oeuvrait pour la mise en place de nouvelles normes en matière d’audit financier afin de pouvoir contrôler l’application du nouveau système comptable financier (SCF), qui date de janvier 2010.
« Nous n’avons pas rencontré de difficultés significatives dans l’application de ce nouveau plan comptable qui nécessite tout de même de nouvelles normes d’audit inspirées des normes internationales en la matière », a-t-il dit. Invité à expliciter le rôle du commissaire aux comptes, M. Bourenane a assimilé sa mission à une « autorité judiciaire » qui active à l’entreprise à côté de l’autorité législative, qui est l’assemblée générale, et l’autorité exécutive qui est le Conseil d’administration.
« Le commissaire est l’œil vigilant des actionnaires, a-t-il appuyé. La loi 91-08 relative aux professions d’expert-comptable, commissaire aux comptes et comptable agréé, abrogée par la loi 10-01 du 29 juin 2010, a crée trois organisations de comptables: l’Ordre des experts comptables, la Chambre nationale des commissaires aux comptes et l’Organisation nationale des comptables agréés. Ces associations « travaillent en étroite collaboration », selon M. Bourenane. La loi a, en outre, consacré au métier d’auditeur légal une organisation