L’étau semble se resserre sur la contrebande du carburant après les dernières mesures prises par les autorités algériennes. Alors que le ministre de l’Intérieur Dahou Ould Kablia parle d’une baisse de trafic de 50 %, les villes de l’Oriental marocain ressentent les premières hausse de carburants.
Le renforcement du dispositif de lutte contre la contrebande de carburant aux frontières algériennes a provoqué une hausse « inopportune » des prix à la pompe dans l’Oriental marocain. C’est ce que nous apprend le journal panarabe Al Charq Al Awsat. La hausse des prix du carburant a entrainé une hausse des tarifs des transports. Selon le journal, les habitants des villes frontalières, à savoir Oujda, Nador et El Houssaima épargnés jusque-là par la hausse des carburants, décidée par le gouvernement marocain il y a une année, l’ont fortement ressentie cette fois-ci.
Le carburant algérien est vendu dans l’Oriental marocain à raison de 3 à 4 Dirhams le litre alors que son prix officiel au Royaume est de 8,4 Dirhams. Cette large marge bénéficiaire a induit une forte activité de la contrebande de part et d’autres de la frontière, pourtant fermée depuis 1994, engendrant une asphyxie des sociétés pétrolières marocaines.
Le président du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM), Adil Ziady, a récemment tiré la sonnette d’alarme sur l’ampleur qu’a prise le phénomène de la contrebande au Maroc, menaçant l’activité des sociétés pétrolières marocaines au-delà des villes frontalières. Il estime les pertes pour certaines stations d’essence causées par ce trafic à 30 et 40%. Les stations d’essences de l’Oriental marocain semblent reprendre vie après les récentes mesures prises par le gouvernement algérien pour endiguer le phénomène de la contrebande, selon les médias locaux.
Le dispositif enclenché fin juillet avait commencé à porter ses fruits dès les premiers jours. La presse locale marocaine relate des scènes de files d’attentes devant les stations d’essences à la veille de l’Aid El Fitr. Une affluence sans précédent qui a entrainé l’épuisement des stocks de carburants en quelques heures provoquant ainsi des pénuries.
Baisse de 50 % du trafic de carburants aux frontières
Cette situation ne manquera pas d’apporter de l’eau au moulin du ministre de l’Intérieur algérien, Dahou Ould Kablia. Soulignant la détermination du gouvernement à combattre ce phénomène, Ould Kablia fait état d’une baisse de 50 % du trafic du carburant aux frontières. Lors de sa visite à Jijel jeudi dernier en compagnie du Premier ministre Abdelmalek Sellal, le ministre de l’Intérieur a indiqué que cette baisse a été le fait des dernières mesures prises par le gouvernement.
Début juillet, le gouvernement avait instruit l’administration douanière ainsi que les services de sécurité de l’Etat « pour renforcer le contrôle dans les zones frontalières », concernées par ce fléau, par des « actions coordonnées ».
Entre autres mesures gouvernementales, la saisie systématique de tous les véhicules dotés de cachettes aménagées pour carburant ou d’un double réservoir et le renforcement de la présence des services de sécurité sur les points de vente. Des instructions ont également été données afin de limiter l’approvisionnement des véhicules à raison de 23 litres d’essence pour les voitures légères et de 145 litres de gasoil pour les véhicules poids lourds.
Ces mesures ont été prises, pour rappel, après les pénuries de carburants constatées dans les wilayas frontalières notamment à Tlemcen à l’ouest et El Tarf et Tébessa à l’est. Selon les derniers chiffres officiels, l’Algérie a consommé en 2012 plus de 14 millions de tonnes de carburants dont plus de 2,4 millions de tonnes importées pour 2,8 milliards de dollars. En 2013, la facture des importations pourrait s’élever à 4 milliards de dollars avec le renforcement du parc automobile de 500.000 véhicules à fin 2012 et l’arrêt des raffineries pour maintenance. Près de 1.5 milliards de litres de carburant traverse les frontières chaque année engendrant des pertes estimées à un milliard d’euros.