Après l’échec de toutes les initiatives politiques, les militants du mouvement national ont compris que la lutte armée était le seul moyen à même de recouvrer la souveraineté nationale et libérer le pays du joug colonial, a affirmé le colonel Tahar Zbiri, commandant de la wilaya historique I (Les Aurès) durant la Guerre de libération.
« Les massacres barbares du 8 mai 1945 commis par la France à l’encontre des Algériens sortis manifester pacifiquement à travers tout le territoire national pour revendiquer l’indépendance, auxquels s’ajoutaient les sentiments de frustration accentués par la pauvreté et l’ignorance, ont ancré chez les Algériens cette conviction que ce qui a été pris par la force ne saurait être repris que par la force », a souligné M. Zbiri dans un entretien à l’APS à l’occasion de la célébration du 60ème anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération.
Préparatifs de la Révolution du 1er Novembre concomitamment à la création de l’organisation spéciale (OS)
Les préparatifs de la Révolution du 1er Novembre 1954 ont débuté après les massacres du 8 mai 1945 et l’échec de toutes les initiatives menées par les partis nationaux pour tenter de convaincre la France d’accorder l’indépendance à l’Algérie, a indiqué le colonel Zbiri.
Dans ce contexte, l’intervenant a rappelé la création de l’Organisation spéciale (OS) en 1947, qui a mené plusieurs opérations armées contre des cibles stratégiques de l’occupant français.
60 ans après le déclenchement de la Révolution de novembre 1954, ce moudjahid a toujours en mémoire les détails de la préparation de cette glorieuse Révolution, de la crise politique qui a secoué le parti du Peuple algérien (PPA) et de la décision du groupe des 22 de s’engager dans la lutte armée.
A cet titre, M. Zbiri a qualifié le président du PPA, Messali El Hadj de « père spirituel du mouvement national et éminent homme politique ayant appelé à l’indépendance du pays, nonobstant ses positions affichées après le déclenchement de la Révolution du 1er novembre 1954 ».
La majorité des militants du mouvement national « n’étaient pas informés des préparatifs de la Révolution par le groupe des 22, né suite à la crise qui a frappé le PPA en 1953 ». « L’opération était préparée dans le plus grand secret à l’exception des instructions transmises à certains militants pour la collecte d’armes », a-t-il expliqué.
« En effet, le groupe des 22 avait chargé dans un premier temps des militants de confiance de collecter les armes que possédaient les citoyens ayant participé à la deuxième guerre mondiale et de faire appel aux pays voisins pour la collecte d’armes », a précisé M. Zbiri ajoutant que les objectifs de cette organisation n’étaient pas encore connus.
« Ni les armes désuètes, ni le manque de moyens n’ont eu raison de la volonté et de la détermination des révolutionnaires qui ont tenu tête à l’arsenal militaire de la France », a poursuivi le colonel Zbiri qui rappelle que « dès la diffusion sur nombre de radios étrangères de la Déclaration du 1er novembre et des opérations exécutées la veille par les moudjahidine, des milliers de citoyens algériens ont rejoint le maquis ».
Ces opérations, a-t-il ajouté, ont brouillé les cartes des autorités françaises qui « ne s’attendaient pas à un tel élan révolutionnaire ».
C’est ainsi qu’a débuté « réellement l’organisation de la Révolution, par la formation de groupes chargés de l’exécution d’opérations militaires et de la recherche de sources de financement pour l’achat d’armes de l’étranger, l’ouverture de centres d’entraînement, la création de cellules d’espionnage et la mobilisation du peuple autour de sa révolution », a expliqué le moudjahid.
Quelques mois après son déclenchement, la Révolution a gagné du terrain sur l’ensemble des régions du pays.
Les dirigeants de la Révolution, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, ont su faire avorter toutes les tentatives de la France visant à porter atteinte à l’image de la Révolution et à pousser les moudjahidine à jeter les armes et à abandonner la lutte armée.
Evasion de Ben Boulaïd de la prison de Koudiat: Un défi pour la France et une détermination à poursuivre la lutte armée
Si l’évasion de Ben Boulaïd a été « le plus grand » défi pour la France coloniale, elle aura surtout été pour les moudjahidine une source de force et de détermination à poursuivre la lutte et à déjouer les plans de l’armée française, a estimé M. Zbiri qui faisait partie du groupe ayant organisé l’évasion de la prison de Koudiat à Constantine sous la direction de Mustapha Ben Boulaïd.
Le moudjahid Si Tahar se souvient encore des moindres détails de cette opération, notamment lorsque les détenus creusaient un tunnel souterrain des mois durant pour que Ben Boulaïd et son groupe puissent s’évader, en dépit de la haute surveillance imposée sur les lieux.
Il a également raconté que les autorités françaises avaient installé, vainement, des dizaines d’espions dans la prison pour épier les moindres mouvements de Ben Boulaïd et des moudjahidine condamnés à mort.
Des milliers de soldats ont été déployés dans l’opération de recherche de Ben Boulaïd et de son groupe qui avaient réussi à déjouer avec ingéniosité les plans des autorités coloniales pour rejoindre le maquis.
Par ailleurs, le colonel Zbiri a mis en avant les « grands sacrifices » consentis par la femme algérienne durant la Révolution soulignant qu’elle n’avait pas échappé, elle non plus, aux formes de torture « les plus atroces ».
Enfin, le colonel Zbiri a tenu à adresser un message aux jeunes qu’il a incités à œuvrer à la préservation de leur pays et à la poursuite des efforts pour l’édification d’une Algérie forte et sereine.