La lutte antiterroriste version Paris

La lutte antiterroriste version Paris

Pour libérer un otage français, ils élargissent quatre terroristes

Il semble que le président français Nicolas Sarkozy inaugure une nouvelle manière de faire, basée sur le chantage et la pression, dans les relations internationales.



Un ressortissant français Pierre Camatte, 61 ans, kidnappé en pleine nuit le 26 novembre 2009 dans un hôtel de Ménaka (Nord-Est) par des Maliens originaires de la région auraient ensuite été vendu au groupe d’El Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), selon des sources maliennes.

Branle bas de combat à Paris pour libérer l’otage des terroristes.

L’Elysée et la diplomatie française, pour des raisons de politique intérieure française, sont mises a contribution et font un «énorme travail» de pression sur les autorités maliennes qui n’ont aucune forme de résistance face au rouleau compresseur français.

Elles ont abdiqué aux demandes insistantes des émissaires français d’élargir les quatre terroristes réclamés par l’Aqmi. Il n’y a aucun mal et c’est humain de tenter de libérer, avant que mal s’en suive, une personne quelle que soit son origine des griffes de gens sans foi ni loi.

Mais il semble que les autorités françaises sont passées maître en donneur de leçons et ne manquent pas d’exiger de certaines parties de faire ce qu’elles disent et de ne pas faire ce qu’elles font.

Le président français qui ne rate aucune occasion qui lui est donné de claironner à qui veut l’entendre que la lutte contre le terrorisme international est l’une de ses priorités ignore une sacro-sainte devise de lutte contre les criminels : ne jamais négocier avec des terroristes.

C’est dire que «la priorité» proclamée officiellement est sans nul doute, à géométrie variable. Nicolas Sarkozy n’a cure que la libération des quatre terroristes, outre le fait qu’elle encourage et rétribue les forfaits des groupes hors-la-loi, menace la paix dans toute la région du Sahel et des pays frontaliers, dont l’Algérie un pays que beaucoup citent aujourd’hui en exemple en matière de lutte efficace contre le terrorisme.

Pourtant Nicolas Sarkozy qui consacre la géométrie variable de sa perception du danger terroriste a souvent répété à qui veut l’entendre que la stabilité de la région du Sahel était une autre des priorités de la France. Vérité au-delà des Pyrénées, erreur en deçà, comme qui dirait l’autre.

Et le président français en fait sa manière de gérer les relations internationales de son pays. L’exemple du Mali en prise avec la nébuleuse Aqmi en est la parfaite illustration.

Pour de simples «soupçons», les Algériens assimilés à des terroristes en puissance, voyageant à destination de la France, sont placés sous haute surveillance et soumis à une dégradante fouille corporelle à leur arrivée dans le pays des droits de l’Homme. Dans ce cas aussi, le chef de l’Etat français entend appliquer «sa vérité» et semble amnésique de la lutte des Algériens, durant toute une décennie en affrontant seuls les forfaits des groupes armés, luttant contre l’hydre terroriste sur le sol algérien qui s’est muée en transnationale par la grâce de l’indifférence ou de l’intérêt de certaines puissances.

En l’espèce, Nicolas Sarkozy a fait «le mauvais choix» en pesant de tout son poids pour obtenir la libération des 4 terroristes détenus par l’Aqmi. Un choix qui se retournera contre lui, sûrement. Les terroristes iront rejoindre leur groupe quelque part dans cette vaste région désertique du Sahel , reprendront du service et feront des otages en exigeant des rançons doublées d’une demande de libération d’autres terroristes détenus par les autorités d’un pays du Sahel.

Un cercle sans fin qu’aura contribué à créer le président français qui se plaît à paraître aux yeux du Français moyen «le sauveur de la France et jaloux de la protection des Français» partout où ils se trouvent de par le monde. Un politique de courte vue, s’il en est.

Lakhdari Brahim